Une fois rentrée après cette dure soirée, il était l’heure pour Thon de manger. Nil avait préparé un petit bout de poisson fraîchement découpé. Etrangement, il n’y avait pas de mouvements, ni aucun son, quand il fut l’heure de sortir un bout de thon. Il n’y avait aucune présence, comme si cet appartement était vide. C’était étrange, car elle savait que pourtant, elle n’avait même pas besoin de l’appeler. Alors, elle haussa la voix, histoire d’appeler ce chat. Mais rien, pas un seul bruit, pas un seul mouvement… C’était inquiétant. Il est était donc temps de fouiller cette appartement, de chercher de fond en comble la présence de la bête vorace. Elle chercha dans les moindres recoins, sous les draps, dans les placards, sur les chaises, dans la salle de bain, sous les tiroirs, dans la cage d’escalier, sur le bon coin, sur le palier, et mêmes derrière les escaliers. Sa voix appelait, appelait, mais elle n’avait comme seule réponse que le silence, et cette sensation de manque. La perte d’un compagnon était toujours dure, mais la jeune fille n’allait pas perdre pied. Il n’était pas question de se perdre dans la peur et la terreur. Cet animal, amusant, joueur et potelé devait bien se balader dans le port.
Le port. C’était un des espaces qu’elle préférait, peut-être parce qu’elle se sentait chez elle. L’ambiance de lieu, elle y était habituée. Depuis des années, elle s’y était installée. Le port, c’était sa piste de danse, sa maison, une des raisons pour lesquelles elle était restée. Cependant, il était devenu un espace de tension. Après tout, quelqu’un aurait pu lui voler son chat, ou il aurait pu monter sur un bateau de pêcheur, ce petit chasseur. La rose s’empressa et couru pensant qu’il était à l’extérieur de son appartement. Habillée d’une veste en jean, d’un tee-shirt blanc et d’un jean noir, elle se pressa dans l’obscurité, sa peau mouillée se heurtant à l’air doux de la marée. Elle avait l’impression d’être seule et criait le nom de Thon (se prononce Tonne).
Courant, cherchant son chat dans les rues abordant la mer, il n’y avait personne d’autre jusqu’à ce que dans un virage, son épaule s’accrocha à un homme qui passait. La jeune fille, le regard apeuré observa le bleu, essoufflée.
- Excusez-moi…
Dit-elle, la voix coupée par son souffle haletant.
- Vous n’auriez pas vu un chat gris au poil mi-long ?
Était la seule phrase venue éclairer ses lèvres. Elle avait un peu peur de déranger ce garçon qui d’après le premier regard ne semblait pas très ouvert au dialogue. Nil pensait que celui-ci ne la prendrait certainement pas au sérieux, ou qu’il partirait d’un pied ferme.
PS : Ce chat avait obtenu ce nom car il lui avait été confié par une personne d’origine française qui lui a dit que dans sa langue, ce mot avait une jolie signification. Nil l’a toujours cru depuis cet incident et continue de le nommer ainsi.