FUEL ON FIRE. REKINDLE THE FLAME
La nuit avait été longue. L’Eden était bondé ce soir-là et avec une telle fréquentation venait son lot de problème. Clients sans gêne ou alcoolisés à l’excès, qui ne pouvaient altérer la note positive de cette soirée.
Manteau et veston négligemment jetés sur le canapé neige, Ruine alluma une cigarette avant de se poster devant la grande fenêtre de son salon. Son regard se perdit sur le port qui étendait ses bras devant lui, comme un appel à rejoindre les eaux froides de la mer du nord. La nuit berçait le monde sous son voile d’indécence qui permettait aux rares passants de révéler leur vrai visage. C’était pendant ces rares moments que Ruine lassait tomber son masque de perfection. Seul, devant le spectacle nocturne mirifique, avec la Lune comme unique témoin des fêlures qu’il ne pouvait expier.
Soufflant sur la flamme de son être, il se glissa sous les draps blancs de son lit aux petites lueurs du jour, épuisé par le boulot et une jolie brune qui lui avait fait de l’œil toute la soirée. Margaux — ou Marylou, il ne saurait se souvenir — avait été une bonne distraction sybarite le temps d’un ébat aussi lascif que dénué de sentiments. Le Don Juan avant assuré qu’il rappellerait, mais elle avait sans aucun doute compris qu’il mentait sous couvert de son sourire irrésistiblement brûlant. Comme lui, la jolie brune devrait se contenter d’un souvenir éphémère qui alimentera ses rêves érotiques pour quelques nuits. Il resta un moment à fixer le plafond immaculé de la chambre de ses yeux d’hélianthe, repensant à Margaux — ou Marylou — avant de se laisser porter par un sommeil léger, agité d’images enflammées.
Un bruit sourd et répétitif résonnait jusque dans la chambre. Un rythme affreusement désagréable qui le tira du sommeil sans sommation. Machinalement, le rouquin se tourna sur le ventre, enfonçant son visage dans son oreiller qui étouffa bon nombre d’injures. Il n’avait pas besoin de regarder le cadran de son réveil pour savoir qu’il était bien trop tôt pour commencer une nouvelle journée. Cette rythmique des enfers ne pouvait venir que du second appartement que supportait l’Eden, et il se demanda ce qui arrivait subitement à sa locataire habituellement semblable à un fantôme. Don Juan n’avait dormi que deux petites heures, et il sentait ce nœud à la base de la nuque qui témoignait d’épaules trop tendues. Un soupir las s’enfonça dans le coussin alors qu’il repoussait les draps d’un geste rageur. Son caractère violent tentait de se frayer un chemin à la surface lorsqu’il couvrit sa nudité d’un boxer sombre comme la nuit. Ruine pouvait être tolérant, conscient du décalage de son rythme de vie, mais il n’allait pas se leurrer comme une personne passive et naïve. La nuisance était volontaire.
Traversant son appartement de neige, le diable revêtit son masque d’homme idéal, enchaînant en son for intérieur les pensées sadiques de supplices carmin ainsi que la rage exacerbée par la fatigue et les flammes infernales qui brûlaient en lui. Don Juan aux oubliettes, il sonna plusieurs fois à la porte de sa voisine fantomatique, se préparant à déployer le plus trompeur de ses sourires. Des fissures s’étendaient sur sa mascarade d’idéal à chaque minute sans réponse, et il finit par laisser son poing tomber furieusement contre le bois de la porte qui restait close.
Même en sous-vêtements sur le palier, il ne lâcherait pas l’affaire. Intérieurement, il insultait sa locataire de tous les noms, s’imaginant la jeter dans un brasier qui illuminerait la nuit pour l’éternité. Son poing rageur continua de battre un rythme régulier, presque militaire.
Jusqu’à ce que la porte s’ouvre.
Ses lèvres s’étirèrent instinctivement en un sourire cruellement charmeur.
Manteau et veston négligemment jetés sur le canapé neige, Ruine alluma une cigarette avant de se poster devant la grande fenêtre de son salon. Son regard se perdit sur le port qui étendait ses bras devant lui, comme un appel à rejoindre les eaux froides de la mer du nord. La nuit berçait le monde sous son voile d’indécence qui permettait aux rares passants de révéler leur vrai visage. C’était pendant ces rares moments que Ruine lassait tomber son masque de perfection. Seul, devant le spectacle nocturne mirifique, avec la Lune comme unique témoin des fêlures qu’il ne pouvait expier.
Soufflant sur la flamme de son être, il se glissa sous les draps blancs de son lit aux petites lueurs du jour, épuisé par le boulot et une jolie brune qui lui avait fait de l’œil toute la soirée. Margaux — ou Marylou, il ne saurait se souvenir — avait été une bonne distraction sybarite le temps d’un ébat aussi lascif que dénué de sentiments. Le Don Juan avant assuré qu’il rappellerait, mais elle avait sans aucun doute compris qu’il mentait sous couvert de son sourire irrésistiblement brûlant. Comme lui, la jolie brune devrait se contenter d’un souvenir éphémère qui alimentera ses rêves érotiques pour quelques nuits. Il resta un moment à fixer le plafond immaculé de la chambre de ses yeux d’hélianthe, repensant à Margaux — ou Marylou — avant de se laisser porter par un sommeil léger, agité d’images enflammées.
Un bruit sourd et répétitif résonnait jusque dans la chambre. Un rythme affreusement désagréable qui le tira du sommeil sans sommation. Machinalement, le rouquin se tourna sur le ventre, enfonçant son visage dans son oreiller qui étouffa bon nombre d’injures. Il n’avait pas besoin de regarder le cadran de son réveil pour savoir qu’il était bien trop tôt pour commencer une nouvelle journée. Cette rythmique des enfers ne pouvait venir que du second appartement que supportait l’Eden, et il se demanda ce qui arrivait subitement à sa locataire habituellement semblable à un fantôme. Don Juan n’avait dormi que deux petites heures, et il sentait ce nœud à la base de la nuque qui témoignait d’épaules trop tendues. Un soupir las s’enfonça dans le coussin alors qu’il repoussait les draps d’un geste rageur. Son caractère violent tentait de se frayer un chemin à la surface lorsqu’il couvrit sa nudité d’un boxer sombre comme la nuit. Ruine pouvait être tolérant, conscient du décalage de son rythme de vie, mais il n’allait pas se leurrer comme une personne passive et naïve. La nuisance était volontaire.
Traversant son appartement de neige, le diable revêtit son masque d’homme idéal, enchaînant en son for intérieur les pensées sadiques de supplices carmin ainsi que la rage exacerbée par la fatigue et les flammes infernales qui brûlaient en lui. Don Juan aux oubliettes, il sonna plusieurs fois à la porte de sa voisine fantomatique, se préparant à déployer le plus trompeur de ses sourires. Des fissures s’étendaient sur sa mascarade d’idéal à chaque minute sans réponse, et il finit par laisser son poing tomber furieusement contre le bois de la porte qui restait close.
Même en sous-vêtements sur le palier, il ne lâcherait pas l’affaire. Intérieurement, il insultait sa locataire de tous les noms, s’imaginant la jeter dans un brasier qui illuminerait la nuit pour l’éternité. Son poing rageur continua de battre un rythme régulier, presque militaire.
Jusqu’à ce que la porte s’ouvre.
Ses lèvres s’étirèrent instinctivement en un sourire cruellement charmeur.
ft. braise — @turtle