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Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen


    Jacob
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    Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen ▸ Mar 19 Juin 2018 - 12:13
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    Qu’est-ce qu’il foutait là déjà ? Pour ce qui devait être la millième fois depuis son arrivée, Jacob se demandait ce qui avait bien pu lui prendre de se pointer à cette soirée de charité, lui qui tenait en horreur ce type de démonstration hypocrite de fausses bonnes intentions. Bon, en fait, c’était ce qu’il avait pensé en premier lieu. Mais comme chaque fois qu’il s’était posé la question, la réponse lui revenait avec le souvenir de son échange avec le chef de son service, quelques jours plus tôt : l’homme était une figure plutôt respecté au sein de l’hôpital, et Jacob n’échappait pas à la règle. Il avait, dès sa rencontre avec celui-ci, estimé son supérieur pour son sérieux et son application dans son métier, qui n’impliquait aucune vantardise. S’il y avait une chose que Jacob détestait par-dessus-tout, c’était sûrement le manque terrible de modestie qui frappait certains médecins, et que la fierté déplacée d’avoir accompli de brillantes études rendait insupportables. Et sa jalousie ne le faisait que les haïr un peu plus.
    Pourtant, il avait écouté son chef qui lui assurait de la justesse du but de cette opération caritative. Le vieil homme ne lui aurait de toute façon pas vanté les mérites d’un événement qui n’aurait pour but exclusif que celui de se pavaner avec une robe en satin ou un costume sur mesure au prix exorbitant, Jacob en était persuadé.  

    « Vous savez Jacob, ce genre de soirée est une aubaine pour nous. Stonehaven n’est pas bien grand, l’hôpital n’a pas le genre de renommée qui permet de réclamer des aides. Et vous n’êtes pas sans savoir que nos patients se plaignent sans arrêt du peu de chambres correctes dont nous disposons… Il faudrait agrandir le service de cardiologie, et aménager des laboratoires pour progresser dans les solutions que nous proposons aux patients. J’aimerais sincèrement que vous vous joigniez à nous, ce serait-ce que pour rencontrer certains de vos confrères ou de nos donateurs. ».

    Ce fut le discours qu’il lui avait tenu, sans chercher à embellir la soirée qui l’attendait ni à piéger le jeune homme en le culpabilisant. Il n’avait dit que la vérité, et l’infirmier avait beau n’occuper qu’une place modeste dans la hiérarchie, il était parfaitement conscient que les soins méritaient amélioration. Il avait soupiré, se maudissant d’avoir toujours une conscience quelque part tapie en lui, avant de demander des informations sur le déroulement de l’opération.


    Maintenant qu’il était là, il devait sans cesse se remémorer ses motivations pour ne pas voir poindre l’envie de prendre ses jambes à son cou. Néanmoins, il dû reconnaître que l’endroit était assez plaisant, décoré avec sobriété et goût, ce qui rendant l'exercice moins difficile. Certes, une galerie ne demandait pas un habillage des plus complexes, mais celle-ci avait la sophistication de la simplicité, même si les toiles disposées çà-et-là rajoutaient une certaine notion de richesse que Jacob n’affectionnait guère.

    Il jeta un coup d’œil à son accoutrement. Au moins, il faisait illusion dans son pantalon gris, taillé droitement de manière à épouser toute la longueur de ses jambes fines. Il avait enfilé un de ses cols roulés noir, relativement fidèle aux contours minces de son buste et dont la teinte sombre exacerbait le bleu de ses mèches. L’écharpe qu’il avait nonchalamment enroulé autour de son cou recouvrait soigneusement ses clavicules, à moitié rejetée derrière son épaule, et lui prêtait un air inspiré qui lui allait plutôt bien, il fallait l’avouer. Enfin, sa mine grave était sûrement son meilleur atout dans ce jeu de rôle, ses sourcils éternellement froncés donnant l’impression que sa réflexion portait sur le message passé par le peintre.

    Mais le langage corporel parlait de lui-même. Malgré son apparence qui seyait parfaitement au décor guindé de la galerie, tout dans ses attitudes montrait qu’il s’ennuyait à mourir et ce jusque dans son regard qui détaillait lascivement l’assemblée. Des hommes et des femmes éparpillés dans chaque recoin, un verre teinté de l’or pétillant du champagne dans leurs mains, qui semblaient tous absorbés par des conversations qu’il devina plus centrées sur l’étalage de leurs richesses que sur la recherche médicale.
    Alors qu’il tentait de repérer un visage connu dans la mélasse de visiteurs pour trouver une solution à son ennui grandissant, deux yeux d'un brun aguicheur accrochèrent les siens. Quelques secondes plus tard, une jeune femme à la chevelure d'un blond solaire s’avançait vers lui, faisant balancer ses hanches à mesure que ses talons abattaient le sol dans sa direction.

    ▬ Alors, vous vous amusez ? lui sourit-t-elle lorsqu'elle arriva à sa hauteur, un verre entre ses doigts vernis. En tout cas, vous n'en avez pas l'air.

    Jacob fit traîner un regard lent sur la jolie créature qui l'avait rejoint, sans réellement le retenir lorsqu'il longea ses courbes. Ce qu'il voyait était indéniablement distrayant, bien qu'il n'était ni transcendé par ses yeux vides, ni par son sourire qui sonnait faux. C'était un fait : cette nana était canon, mais elle ne lui fit rien ressentir, ou du moins rien de comparable à... Non, il devait oublier ça. Il n'y avait rien eu.
    Il tenta de lui rendre un sourire poli, mais ses lèvres n'émirent pas le moindre soubresaut.

    ▬ Pas tellement, non. Vous êtes de l'hôpital ? Je crois pas vous y avoir déjà vue.

    Il parlait sans être vraiment là. Il parlait sans avoir réfléchis à sa question, sans même s'intéresser à sa réponse. Il parlait seulement pour occuper sa soirée, seulement parce que cette fille qui le dévorait du regard pourrait être une façon de la finir sans avoir l'impression d'avoir totalement perdu son temps si elle ne s'avérait pas trop collante.
    Mais le flot de paroles qui inonda ses lèvres peintes d'un rouge criard le fit bien vite oublier cette idée. Il ne du retenir un soupire qui l'aurait probablement faite taire que parce qu'il avait cru comprendre, entre deux remarques inconvenantes, qu'elle était interne en chirurgie et qu'il pourrait de ce fait la recroiser.
    Si le jeune homme n'avait pas grand scrupule à envoyer bouler les inconnus qui croisaient son chemin un quart de seconde, il se devait de réserver un traitement moins cavalier à ceux qui partageait son milieu de travail. Jacob avait bien trop besoin d'évoluer professionnellement pour se le permettre.

    Alors il la laissa parler des merveilleuses opérations auxquelles elle avait eu l'honneur de participer en hochant parfois la tête, sans toutefois faire de grands efforts pour paraître intéressé. Il laissa même échapper un "Oh, je vois" mal feint alors que son attention quitta la blonde, déjà blasée de la facilité avec laquelle elle semblait prête à lui offrir une nuit.

    Tandis que son esprit vagabondait sans trop se préoccuper de la jeune fille, Jacob se laissa distraire par le buffet qui avait été modestement dressé et autour duquel certains amateurs d'art se retrouvaient, sûrement pour débattre du travail d'artistes auquel ils rattacheraient des explications farfelues, toutes plus erronées les unes que les autres.

    ▬ Vous m'excuserez trésor, je dois y aller. Je vous reverrai à l'hôpital, alors. il s'éclipsa prestement, ignorant si la demoiselle lui avait vraiment accordé congé, afin de se faufiler jusqu'à la table.

    Là, il trouverait peut-être un peu de calme si l'on remarquait qu'il était occupé à -il détailla le premier plat qu'il eu devant lui- déguster des crevettes. Jacob leva les yeux au ciel. Il détestait les fruits de mer. Ainsi, il tomba nez-à-nez avec quelque chose qui l'intéressa subitement bien plus. Plusieurs compositions raffinées et chaleureuses donnaient une douceur toute particulière à la table, douceur qui ramena Jacob quelques jours en arrière. Douceur qui le ramena d'ailleurs à un certain visage, à deux émeraudes énigmatiques auxquelles il ne voulait pas penser, trop effrayé par ce que ces souvenirs signifiait.
    Il secoua imperceptiblement la tête pour chasser les bribes fumantes de cette drôle de rencontre qui lui revenaient en mémoire à la vue des fleurs délicates décorant la table avec l'envie de se taper la tête contre les murs. Allait-il réellement penser à ce foutu fleuriste dès qu'il verrait la moindre plante un peu potable ?


    Jacob se détourna du buffet, le regard désormais rivé sur le reste de la salle. Bien. Il n'avait plus qu'à trouver son supérieur dans cette masse de têtes aux cheveux bien peignés, puis il lui poserait un tas de questions techniques sur les recherches qu'il comptait mener avec les fonds récoltés pour occuper son cerveau indiscipliné. Il devait vraiment se le sortir de la tête.



    Cóemgen
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    Nom et prénom : Cóemgen Kergoat
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    Re: Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen ▸ Mer 20 Juin 2018 - 22:39
    Ce petit nœud papillon faisait son petit effet. Cóemgen s'était fait beau ce soir-là, en tous cas plus élégant que d'habitude. Il avait récuré ses ongles si souvent salis par la terre humide qu'il manipulait en permanence, repassé sa plus belle chemise blanche, noué son petit accessoire vert citron autour de son cou et il avait même versé quelques timides gouttes d'un parfum discret et fleuri sur ses poignets. Son jeans slim noir lui taillait un petit cul qu'il ne savait toujours pas regarder et ses chaussures cirées achevaient de lui donner le look du parfait gentleman. Le brun restait cependant fidèle à lui-même et sa démarche et sa stature bien que fines n'étaient pas pincées ; il évoluait avec classe et jeunesse parmi les convives qui entraient encore dans la galerie. Il nota d'un coup d’œil à la montre passée autour de son poignet qu'il arrivait légèrement en retard. Cependant, d'autres hommes et femmes, dont la plupart présentaient des costumes et des robes encore plus chics que lui, arrivaient encore et arrivèrent après également, il ne se fit donc pas plus de souci que cela.

    Le jeune homme était un peu stressé, par le caractère social de la soirée, parce qu'il ne connaissait personne et qu'il avait peur de ne pas savoir se tenir. Bien qu'il ait participé à la décoration du lieu de l'événement - c'était lui qui avait réalisé toutes ces compositions sur le buffet, qu'il en était fier - il ne s'était pas spécialement penché sur les enjeux de la rencontre et ne saurait dire quel niveau de bienséance il fallait jouer pour se mêler à la foule. Et quelle foule... Le brun, après quelques minutes passées à tourner dans les pièces pour admirer la décoration et les œuvres - ce qui lui donnait l'air occupé - commença à avoir légèrement chaud. Les soirées commençaient à sérieusement s'intensifier en terme de chaleur et de moustiques, il regrettait presque d'voir clos sa chemise jusqu'au cou pour mettre son nœud papillon. Le fleuriste prit alors la décision courageuse, du moins de son point de vue, de rejoindre le buffet pour se servir un verre d'eau fraîche. Il ne devrait pas boire une goutte d'alcool, il se le jurait.

    Tandis qu'il s’approchait de la table, un éclat turquoise vient titiller gentiment sa rétine et il faillit halluciner en reconnaissant le client étrange de la dernière fois, celui à qui il avait offert les Papa Meilland. Celui qui s'était volontairement entaillé avec les épines de ses roses après avoir jugé son travail. Celui qui avait pris sa carte avant de ne jamais le recontacter. Combien de temps fallait-il remonter pour revivre se moment ? Il ne se rappelait plus au juste. Plusieurs semaines certainement, ou bien son esprit lui jouait des tours, car malgré l'effet que le grand jeune homme lui avait fait, il ne se rappelait plus de son prénom. Pourtant Cóemgen l'avait goûté plusieurs fois dans sa bouche, laissant ce nom lui échapper des lèvres tandis qu'il écrivait, le soir-même, accroupi ou à quatre-pattes sur son balcon. Le voisin avait dû le prendre pour un fou, certainement, mais il n'en pouvait plus d'être enfermé.

    Sans chercher à agresser sa conscience et sa mémoire jusqu'à se souvenir de ce si joli prénom - il ne doutait pas une seconde qu'il fut banal au point de l'oublier, il pensait juste sincèrement être trop pris d'angoisse pour s'en souvenir - le fleuriste rendu hâtif par l'urgence de sa situation, à savoir seul et perdu, posa sa main sur l'avant-bras du jeun homme.

    - Bonsoir ! Je ne pensais pas vous croiser ici ! Lança-t-il gaiement à son attention après s'être assuré que l'autre l'avait remarqué.

    Cela ne rata pas, le grand bonhomme s'était retourné. Le brun n'eut le temps que de constater sa finesse et sa beauté, tant mises en valeur par ses vêtements tout aussi élégants que ceux des autres, avant de se sentir happé par la profondeur de son regard bleuté. Il avait oublié cette capacité qu'avaient ses prunelles à éclipser tout ce qui l'entourait, la capacité de ses iris à le faire plonger dans une immensité azur. Il cligna un instant des paupières pour s'en sortir, revenant à la réalité et se souvenant soudainement à nouveau de son prénom, de sa main blanche et douce qu'il avait saisi dans les siennes il y a de cela quelques temps. Ses lèvres s'étirèrent en un mince sourire et il se souvint du tutoiement.

    - Comment se sont portées les fleurs ? Et toi, comment vas-tu, Jacob ?

    Il se sentait heureux d'avoir retrouvé son nom, heureux de le rencontrer à nouveau aussi. De la dernière fois ne lui restaient qu'une nuée de souvenirs déliés qu'il était heureux de pouvoir remettre à présent dans l'ordre.

    Par contre, il avait toujours aussi chaud. Il glissa un doigt entre son nœud papillon et sa nuque, comme s'il le gênait, avant d'esquisser un mouvement d'excuse envers Jacob

    - Pardon, j'ai vraiment trop trop chaud, murmura-t-il en décrochant son nœud, déboutonnant discrètement celui-ci avant de le glisser dans sa poche. Il jugea le rythme de succession des boutons de sa chemise sur sa poitrine avant d'en déboutonner deux également, puis entreprit de remonter ses manches en les repliant. Était-il vraiment prévu qu'il fasse aussi chaud ?

    La tête baissée, comme honteux de sa faiblesse, il laissa son regard glisser sur le corps ainsi vêtu de son ancien client. La différence était grande avec la première fois qu'il l'avait croisé, en T-Shirt. Cóemgen appréciait vraiment les efforts fournis, il le trouvait ravissant. Vraiment ravissant. Plus rien à voir avec le gamin arrogant de l'autre fois. Il fit mine d'ignorer les parties de son être qui semblaient juger que Jacob était vraiment TROP ravissant.


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    Re: Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen ▸ Jeu 21 Juin 2018 - 23:03
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    Une prise sur son bras le sortit de ses pensées nébuleuses de manière si inattendue que Jacob esquissa un léger mouvement de recul – qu’il regretta néanmoins dès que ses yeux rencontrèrent l’objet de ce contact. Etait-il en train de rêver ? Il se demanda un instant s’il n’avait pas pensé si fort que le brun l’avait entendu depuis sa boutique et avait accouru, sûrement pour le traiter de psychopathe.
    Mais non. Coégmen, ce charmant fleuriste qu’il avait importuné quelques temps plus tôt, se tenait vraiment là, devant lui, et ce ne pouvait être que le fait d'un hasard un peu taquin.

    Il lui fit face, se délectant alors de l’expression apparemment ravie qui s’était dessinée sur le visage de l’autre homme à sa vue - et qui ressemblait sûrement à celle qu’il affichait lui-même. Il ne l’avait pas senti sur le coup, mais son visage s’était détendu en sa présence. Jacob mettrait surement cela sur le compte de son ennui mortel et du fait que la présence du jeune homme sonnait comme une trêve à celle-ci. Du moins il tenterait de s’en convaincre, arguant qu'il ne pouvait pas réellement être heureux de revoir ce type qu’il avait à peine croisé, qui plus est au regard de l’étrangeté de leur rencontre.

    Sa voix était toujours la même, quoiqu’il eu la vague impression que le brun semblait plus enjoué, mais il ignora précautionneusement son espoir d’être la raison ce ravissement. Son sourire non plus n’avait pas changé, et Jacob ressenti ce même pincement curieusement localisé lorsqu’il le vit. C’était un de ces sourires discrets qu’il apprécia d’autant plus qu’il avait la certitude qu’il n’était pas feint.

    ▬ Cóemgen.

    Il le salua d’un signe de tête respectueux pour répondre à l'attitude polie de l'autre, mais ses yeux brillaient d’une lueur nouvelle, bien plus enjouée que le ton incertain de sa voix face à l’exotisme de ce prénom. Il l’avait pourtant rejoué plusieurs fois dans sa mémoire depuis qu’il l’avait lu sur sa petite carte noire et que le fleuriste l’avait repris sur sa prononciation. Il conservait d’ailleurs ce petit souvenir de son magasin quelque part dans le fouillis de ses papiers administratifs, même s’il ne savait pas très bien pourquoi.

    Cela lui fit drôle de placer son interlocuteur dans un environnement qui n’était pas embaumé de la senteur raffinée des fleurs qu’il cultivait avec tant d’amour, mais ce n’était rien en comparaison du réel intérêt que Jacob trouva soudain dans la tenue du jeune homme. Si Cóemgen avait déjà marqué la mémoire du grand de sa beauté ingénue, celui qu’il avait en face de lui désormais n’avait plus rien du gentil garçon humble aux doux yeux rêveurs dont il avait fait la connaissance. Merde, il était sexy à souhait dans cette chemise parfaitement cintrée qui lui révéla un buste svelte, toutefois bien entretenu - ça, il le devina à travers le tissus de la chemise, sur lequel il essayait de ne pas trop se concentrer. Mais le reste de sa tenue ne servit pas à altérer son jugement, bien au contraire puisque le brun semblait avoir décidé de faire perdre la tête à quelques demoiselles ce soir - ou à d'autres damoiseaux ?
    Jacob nota qu'il éprouva une curiosité trop grande à la seule spéculation qu'il émettait sur l'orientation sexuelle du jeune homme, et la balaya d'un grand revers de main mental.


    L'infirmier pris cet air énigmatique qui lui allait si bien lorsque le brun lui demanda des nouvelles des roses qu’il lui avait gracieusement offertes lors de sa visite. Un sourire accompagna le regard qu’il coula alors vers lui, comme répondant à l'utilisation de son prénom dans la bouche de Cóemgen : c'avait été une douce incantation à son oreille.

    ▬ Je crois que j’ai un truc avec les fleurs, en fait ! Si tu avais vu comme elles se sont tenues, t’en serais pas revenu. Une mélodie grave mais feutrée émana de ses lèvres, s’apparentant à un léger rire. Ceci dit, la prochaine fois, laisse-moi les acheter.

    Jacob se jugea lui-même, pour la deuxième fois depuis qu’il avait parlé à l’homme, exceptionnellement à l’aise avec celui-ci. Pas qu’il laissait voir son embarras en temps normal, mais au moins le cachait-il derrière sa figure froide. Avec Cóemgen, cela n’avait de toute façon pas l’air de fonctionner. Et ce soir non plus, Jacob ne semblait avoir ni l’envie ni l’intention de le faire fuir. Après tout, il pourrait probablement l’occuper, histoire de faire acte de présence à cette soirée pour un temps correct.

    Cela dit, l'infirmier avait volontairement ignoré sa question sur son état. Comment allait-il ? Jacob ne se l'entendait plus demander, et à vrai dire, cela l'arrangeait souvent. Il mentait très mal et la grimace qu'il servait en guise de sourire pour appuyer une réponse positive soulevait trop de précisions qu'il détestait donner. Il était excessivement fatigué par son travail, sans cesse habité par les démons de ses regrets, sa santé était trop instable, tout comme son humeur qui variait aussi vite que le sens du vent. Mais ça, il ne pouvait pas le dire, alors il saisit du bout de ses longs doigts un petit four sur un plateau qu'il mangea sans grand plaisir. Ces derniers temps, il avait réellement du mal à sentir le goût des aliments.
    Il voulu toutefois relancer son questionnement à son interlocuteur, réellement intéressé par la réponse qu'il lui donnerait, mais il fut coupé dans son élan lorsqu'il redressa son visage face à Cóemgen.

    Bordel, qu'était-il en train de faire ?

    Le bleu de ses prunelles sembla incandescent lorsqu'il se posa sur le geste du fleuriste, sur la lenteur presque provocatrice de ses doigts lorsqu'ils défirent le nœud qu'il portait. Il n'arriva pas plus à décoller son attention de son cou alors que la surface visible de sa peau laiteuse s'agrandissait à mesure qu'il défaisait les boutons de sa chemise - et Jacob trouva sa réaction un peu stupide. Il avait vu des dizaine de types se déshabiller entièrement devant lui, alors pourquoi le rose lui montait soudainement aux joues ? Et surtout, pourquoi tout devenait si spécial dès lors que Cóemgen était celui qui le faisait, les yeux luisants et le visage écarlate ?

    Jacob s’éclaircit la gorge, plus pour mettre de l'ordre dans ses idées floues que pour fluidifier le son de sa voix. Quoique, lorsqu'il parla, celle-ci lui paru légèrement plus rauque.

    ▬ Eh bien, je trouve pas vraiment qu'on étouffe, mais je peux voir pour mettre...la clime, si tu veux. mais Jacob n'avait pas vraiment envie de le voir refermer ce col, alors il poursuivit. Le regard qu'il arbora ensuite se révéla inconsciemment joueur. Jolie chemise, d'ailleurs. Ca change du tablier.

    Son admiration passée –ou du moins camouflée du mieux qu’il le pu-, Jacob songea à la raison de sa présence ici pour éviter à son esprit de dévier vers des idées dangereuses.

    ▬ Alors comme ça, t'es amateur de soirée caritative ?

    Il imaginait parfaitement Cóemgen à ce genre d’événement, au détail près qu'il semblait vraiment trop raisonnable pour apprécier l'aspect mondain de la chose. Peut-être avait-il eu la merveilleuse idée de choisir l'opération pour lieu d'un rendez-vous galant, éventualité à laquelle Jacob n'osa pas se résoudre à penser. Mais n'avait-il pas senti la caresse olfactive d'un parfum masculin subtilement dosé à l'arrivée du brun ?
    A cette idée, sa question innocente se révéla bien plus importante aux yeux de l'homme au cheveux bleu, qui le scrutait maintenant de ses prunelles profondes dans l'attente de la réponse qu'il voulait.



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    Re: Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen ▸ Dim 24 Juin 2018 - 12:57
    Tout comme Cóemgen, Jacob semblait heureux. Le brun se demanda pour quelle raison son sourire était si brillant ce soir, il faudrait qu'il le questionne sur le lien qu'il avait avec cet événement - peut-être était-ce son entreprise qui était au centre de l'attention ? Celle de sa compagne ou de son compagnon ? Que signifiait un tel sourire ? Il en était presque jaloux. Mais pour l'heure, le brun savourait chacun des mots rangés et posés que prononçait son interlocuteur, qui semblait bien plus calme et détendu que la dernière fois. Alors que lors de leur première rencontre, le fleuriste avait au début craint chacune de ses nouvelles phrases, s'attendant à un nouveau reproche, il était soulagé de le voir aussi... normal ?

    Pour ne pas mentir, le jeune homme aux yeux émeraudes, malgré la chaleur et sa préoccupation feinte envers les roses, s'était surtout délecté de la prononciation de son prénom - correcte, Jacob avait dû se souvenir de la façon dont il l'avait repris - piqué d'un accent léger qui le séduisait toujours autant. Il lui semblait avoir perçu une légère hésitation mais qui ne rendait le son que plus doux encore. Dans sa légère gène, Cóemgen ne percevait pas les regards sur son corps, ou alors les interprétait mal. Ses joues rosies le démangeaient et il ne tarda pas à croiser les bras sur son torse dans une position d'auto-défense bien souvent adoptée. Il fixa le bout de ses chaussures cirées en s'efforçant de calmer son pouls légèrement accéléré par son stress. D'un coup, le beau regard bleuté de Jacob lui paraissait transperçant et il en oublia de répondre à ses premières remarques. Il fallait dire aussi que son ex-client venait de soulever le fait que Cóemgen lui avait la dernière fois offert des fleurs sans aucune raison. Bien sûr, le brun s'était bien dit que l'autre finirait par se poser des questions sur les raisons de ce cadeau clairement injustifié vu son comportement dans sa boutique. Le fleuriste ne saurait jamais avouer qu'à la première seconde il l'avait trouvé différent avec sa touffe turquoise, ni qu'il l'avait trouvé piquant et étrange au point de lui offrir les plus belles roses, bien que passées, de son jardin.

    Alors qu'il reprenait consistance et qu'il allait pour lui répondre d'une façon neutre, le grand homme complimenta de but en blanc sa chemise. Le brun, pris à la gorge par un nouveau sentiment de panique, ravala sa phrase et son regard fuyant sembla chercher un recoin dans la pièce où s'accrocher pour s'y arrimer. Il aimait bien les compliments, ce n'était pas le problème. Mais déjà qu'il avait du mal à entretenir des relations normales sans toujours espérer plus, un tel commentaire de la part d'un mec aussi mignon que Jacob le déstabilisait au plus haut point. Heureusement pour lui la manifestation de sa gène ne se produisit que sous la surface et les picotements qu'il ressentit au creux de sa poitrine n'eurent aucune répercussion sur la couleur de ses joues. Il osa un coup d'oeil en direction du grand jeune homme, de ses grands yeux bleus, puis en direction de son buste moulé par un ravissant pull noir mais aucun compliment ne parvint à s'échapper de ses lèvres en retour. Il en avait une tonne : il le trouvait élégant, raffiné, sexy, rayonnant. Mais Cóemgen avait beaucoup trop peur que le son de sa voix ou que l'incertitude de son regard le trahissent. Il avait peur que, dès maintenant, Jacob remarque qu'il n'était qu'une âme perdue en perpétuelle recherche de compagnie et que le moindre bel inconnu se plaçant sur son chemin prenait immédiatement une importance injustifiée.

    D'un geste un peu tremblant, se penchant vers le buffet en effleurant le bras de Jacob du sien, il attrapa deux verres à pied remplis de champagne et en tendit un au jeune homme dans un sourire très discret. Il avait dit de l'eau. Il dut se retenir pour ne pas avaler son verre cul-sec. Ce n'est qu'une fois la moitié de celui-ci envolée qu'il trouva le courage de ré-engager la conversation et de répondre à sa question.

    - En fait, je... j'ai été invité parce que c'est moi qui ai composé les bouquets pour le buffet, balbutia-t-il, portant à nouveau son verre à ses lèvres. Il les y trempa avant de rebrousser chemin, constatant avec horreur qu'il avait déjà bu autant alors que l'autre n'y avait presque pas touché. En plus de cela, il avait oublié de trinquer. Il espérait que ce ne soit pas dans les coutumes du grand aux yeux bleus que de soulever son verre à la santé des présents, sinon il aurait l'air bien fin. D'où viens-tu, au fait ? Le questionna-t-il avec curiosité, n'ayant pas identifié son accent - Cóemgen ne connaissait pas grand monde au delà de la Bretagne.

    Détournant son regard de ses yeux pétrifiants, il osa enfin sortir la phrase qui macérait dans sa bouche depuis deux longues minutes et qui fut prononcée de ce fait avec une certaine amertume dont le brun ne se rendit pas compte.

    - Ne te méprends pas pour les Papa Meilland, je te les ai laissées parce que je ne pouvais pas les vendre.

    Le fleuriste disait cela alors que son client n'avait jamais émis l'hypothèse qu'il puisse lui les avoir offrir pour une raison précise, mais Cóemgen préférait prévenir que guérir - ou en donner l'illusion, car la réalité ne trompait pas : il avait offert ces fleurs pour une raison précise. Parce qu'il s'était senti inspiré sur le moment.

    En parlant d'inspiration, il se rendit compte que son passage dans la galerie de Krim, il y avait de cela quelques jours, avait servi : les compositions qu'il avait créées à partir de ses souvenirs du lieu étaient en parfaite adéquation avec les œuvres qui s'y trouvaient et c'est finalement avec une fierté encore plus grande qu'il désigna la pièce principale de sa création à Jacob.

    - Comment tu la trouves ? S'osa-t-il, avant de vider son verre d'une seule traite et de le laisser sur la table. Tant pis s'il passait pour le mec à la descente facile - il l'était. Et toi, que fais-tu là ? Pour être honnête c'est bien le dernier endroit où je m'attendais à trouver quelqu'un comme toi. C'est presque un... Il désigna sa tenue avant de détourner les yeux, une nouvelle fois impressionné. Un paradoxe...

    Il sous-entendait presque que l'endroit était trop chic pour un mec dans son genre. Ses yeux clairs détaillèrent l'assemblée. Avec qui Jacob pouvait-il être venu ? Cóemgen le voyait mal débarquer ici tout seul. S'il couplait son comportement à la boutique avec cet environnement pincé et sa tenue parfaite, il ne voyait que deux solutions : Jacob venait pour quelqu'un ou parce qu'il était un de ces gosses de riches insupportables mais obligés de se pointer à toutes les soirées caritatives de la ville. Il eut une idée pour en avoir le cœur net.

    - Les robes de ces femmes sont ravissantes. Elles sont toutes vraiment très... Les yeux du brun s'attardèrent malgré lui sur les fesses rebondies d'une blondasse un peu vulgaire qui semblait regarder dans leur direction - dans la direction de Jacob - avec une certaine insistance. Il s'en détourna dans une moue gênée et termina sa phrase dans un grognement. Très jolies.

    Il était sûr que si le jeune homme partageait la vie d'une d'entre elles il le lui dirait alors, en tout cas c'est ce que font la plupart des hommes dans cette situation : désigner laquelle des belles créatures est la sienne. De tout cœur, le brun espérait que ce ne soit pas cette blonde-là. Il espérait que ce ne soit pas une femme. Il espérait même que ce ne soit pas un homme. La perspective qu'il soit un gosse de riche était presque plus supportable lorsqu'il profita de l’inattention de Jacob, qui avait tourné les yeux, pour couler une nouvelle fois un regard aux reliefs fins de son buste et de sa taille.


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    Re: Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen ▸ Dim 24 Juin 2018 - 19:49
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    Son verre à la main, Jacob avait écouté Cóemgen lui expliquer qu’il était celui qui avait fourni l’évenement en compositions florales, et alors il pensa, avec ce qui ressemblait fortement à de l’amusement, au souvenir de deux grands yeux verts qui lui était apparu dès qu’il avait aperçu les décorations. A croire qu’il reconnaîtrait ses créations entre mille.
    Mais il parvint presqu’immédiatement à se convaincre que ceci n’avait rien d’anormal. Après tout, c’était véritablement la première fois qu’il s’intéressait au travail des plantes – à moins que son intérêt portait plutôt sur le travailleur lui-même -, il n’y avait donc rien d’étonnant à ce que le brun lui semble être derrière tout arrangement de fleur qu’il jugeait plaisant. Il ne faisait pas une fixette sur celui-ci.

    Puis son regard se porta sur le liquide ambré qui franchissait les lèvres du fleuriste à grandes goulées, retenant toutefois un commentaire moralisateur sur la consommation d’alcool. Jacob n’avait jamais raffolé de la tradition sociale du verre partagé, bien qu’il la comprenait, en un sens. Il supposait d’ailleurs que le jeune homme le lui en avait tendu un afin de lui exprimer ses bonnes intentions et probablement sa volonté de ne pas connaître d’hostilités ce soir. Ainsi il ne jugea pas nécessaire de donner un quelconque avis sur le champagne qu’il buvait, selon lui, trop avidement : il n’était qu’infirmier, et n’avait même pas le semblant de proximité nécessaire pour se sentir concerné par sa santé. L’autre le prendrait sûrement mal de toute façon.

    Cóemgen vint de nouveau rompre ses divagations sur ce qu’il pouvait ou non se permettre de lui dire avec une question qui surpris presque Jacob. Etaient-ils en train de faire connaissance normalement ? Cette idée le réjouissait étrangement.

    ▬ J’habitais aux Etats-Unis avant Stonehaven. Mais si je ne m’abuse, t’es pas d’ici non plus, si?

    En effet, le jeune homme aux mèches colorées avait remarqué que son anglais, bien que parfait, comprenait des sonorités qu’il ne reconnaissait ni d’Amérique du Nord, ni d’Angleterre. Quelque chose de subtil, qui lui donnait un charme supplémentaire.


    Mais le charmant brun ne se donna pas le temps de lui répondre qu’il semblait déjà ailleurs, comme habité par une soudaine envie de se déresponsabilisé du « cadeau » qu’il lui avait fait. Jacob ne sut comment réagir, et bien qu’une part de lui qui estimait qu’il n’avait rien à offrir avait été soulagé de se défaire du poids d’un éventuel geste à lui rendre en retour, une autre avait ressenti un pincement inexplicable. S’il s’était senti vexé ? Probablement. S’il s’était imaginé que la générosité du fleuriste avait été motivée par autre chose qu’un sens aigüe de lutte contre le gaspillage ? Peut-être. Mais cela n’avait pas grande importance.
    En tout cas, il fit de son mieux pour ne rien laisser paraître, et ne s’en sortit pour une fois pas si mal. Seul le pincement infime de ses lèvres avait trahi sa déception, mais il avait hoché la tête en signe de compréhension. Ce mec n’avait définitivement eu aucune raison personnelle de lui offrir ces roses, et c’était sûrement mieux ainsi. Comme il le lui avait dit, il n’avait rien fait qui aurait mérité sa largesse.


    Puis, les deux perles azur de Jacob étaient venues à la rencontre d’une ravissante gerbe de fleurs, justement assortie d’autres beautés colorées qui ne venaient que renforcer la chaleur du lieu. Jacob les trouvaient réellement seyantes, comme si elles avaient été faites sur mesure pour ce lieu déjà chargé de créativité.

    ▬ J’aime beaucoup. Il avait répondu simplement, mais l’infirmier n’était pas doué pour les flatteries. En fait, ce simple aveu témoignait d’une admiration naissante pour son travail – ça, il le lui dirait peut-être, un autre jour. A vrai dire, je suis assez étonné que tu me demandes mon avis, pour ce qu’il vaut…

    Jacob avait doucement sourit au brun comme pour souligner la satisfaction qu’il avait éprouvé lorsqu’il lui avait fièrement montré son œuvre. Il s'était senti comme privilégié, l'espace d'un instant qui fut abrégé par la nouvelle interrogation de Cóemgen, et ses yeux bleus perdirent vite la pointe d'espièglerie qui les avaient animés.

    « Quelqu’un comme lui », avait-il dit.
    Il reposa la flûte encore pleine d’un geste sûrement plus sec que ce qu’il aurait voulu, en contradiction totale avec le brun qui venait de siffler l’intégralité de son contenu. Jacob eu une envie soudaine de se frapper le crâne du plat de la main pour tenter de remettre ses neurones en place. N’était-il pourtant pas pleinement conscient que ce gentil garçon, diablement séduisant et paradoxalement, si angélique, n’avait rien à voir avec un pauvre type comme lui ? Il se sentit soudainement con. L’infirmier savait qu’ils n’avaient rien à voir l’un avec l’autre, pourtant, il avait espéré que celui-là ne le prendrait pas pour un moins que rien.
    Dans une autre situation, Jacob aurait ri de sa propre bêtise : il ne pensait même plus pouvoir être blessé par de simples mots, mais apparemment, il n’avait toujours pas guéri de son émotivité capricieuse.

    ▬ Ca se voit tant que ça, hein ? il fit une pause pour désigner d’une main molle la salle bourdonnante qui continuait à s’agiter comme s’ils n’existaient pas avant de rire, d’un rire sans joie. Que je viens pas de ce monde-là, tout ça.

    Il avait répondu avec une aigreur qu’il tentait de cacher derrière de l’autodérision. Cóemgen avait eu raison, une galerie d’art était un lieu bien trop raffiné et complexe pour son esprit rationnel quelque peu ennuyant. Il était aussi sûrement trop grossier pour apprécier l’endroit à sa juste valeur; tout ça, il le savait, mais se l’entendre dire par la voix pourtant si calme du brun était bien plus difficile qu’il ne l’aurait cru.

    Néanmoins, son intonation ne vibrait d'aucune rancœur lorsqu’il poursuivit, conscient qu’il n’en voulait pas à Cóemgen mais à lui-même pour avoir eu la naïveté de croire que l’autre l’aurait un peu estimé. Il reprit, ses yeux fuyant vers les convives alors que son ton avait baissé d’un cran, pris par une honte qu’il eu du mal à camoufler.

    ▬ J’ai jamais vraiment eu les moyens de mettre les pieds à des soirées comme ça avant, ni le temps d’ailleurs. En fait, je bosse à l’hôpital qui organise la soirée alors tu vois, j’me suis senti comme concerné...


    Jacob su qu’il devait arrêter de se morfondre sans raison, alors il essaya de se redonner constance en suivant l’attention du jeune fleuriste qui errait dans la salle. Son erreur fit de remarquer que ce dernier accordait des regards appuyés à certaines dames parmi les visiteurs, dont une blonde qui semblait fulminer, n’ayant apparemment que très peu apprécié le fait que Jacob lui ait fossé compagnie pour lui préférer un délicieux jeune homme.
    Merde, il divaguait sérieusement.

    De plus, Cóemgen semblait bien plus absorbé dans sa contemplation des silhouettes féminines dans l’assemblée pour remarquer la teneur de ses pensées. Il n’aima pas particulièrement le compliment étrangement présenté du brun sur la gente féminine, se sentant subitement exclu, mais n'en dit rien. Pour se forger son opinion, il promena un court instant ses yeux sur le corps de son interlocuteur de nouveau.
    Non, définitivement, ces femmes n’était pas toutes très jolies - du moins ne l’étaient pas autant que lui.

    Il haussa les épaules, un air désabusé peint sur son visage alors qu’il le ramenait face au brun.

    ▬ C’est pas tellement mon genre, surtout que la plupart d’entre elles n’ont aucune idée de ce pour quoi elles viennent dépenser l’argent de leur mari. Entre nous, j’les trouve franchement hypocrites, et plutôt collantes… Il jeta un bref coup d’œil sur la femme qui l’avait abordé, avant de rejoindre les iris vertes qui l’intéressaient. Et je ne pense pas que ce soit le tiens non plus, je me trompe?

    D’accord. Jacob avait été indiscret, mais la curiosité était un de ses plus vilains défauts, et son envie de savoir ce que l’autre jeune homme pouvait bien trouver à ces potiches qu’il n’estimait pas hautement avait pris le pas sur les limites qu’il avait tenté de se poser avec le lui. Il espérait simplement que celui-ci n’allait pas lui demander de l’introduire auprès d’une de ces dames, exercice que Jacob doutait de pouvoir remplir sans ressentir une contrariété insensée.



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    Re: Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen ▸ Mar 26 Juin 2018 - 22:55
    Jacob avait reposé le verre. Le regard du brun flottait sur la surface de sa boisson intacte, qui tanguait lentement entre les parois fines, comme hébété. Ses paupières papillonnèrent tandis qu'il tentait de comprendre ce qui venait, encore une fois de faire capoter leur entrevue.

    Pourtant, leur discussion n'avait pas trop mal démarré. Quelques échanges plutôt courtois les avaient menés sur quelques sujets agréables, Jacob ayant même complimenté son oeuvre. D'ailleurs, Cóemgen, rendu naturellement beaucoup trop curieux par la présence du garçon, n'avait pas pris le temps de le remercier et de lui assurer que si, son avis comptait bien. Il comptait déjà de façon considérable même, malgré la fraîcheur de leur rencontre. Même la réponse à sa question initiale n'avait pas eu de commentaire, pas plus que sa question n'avait trouvé de réponse. À présent, il faudrait du temps et du tact au fleuriste maladroit pour rattraper son inélégance et pouvoir peut-être reprendre le cours normal d'une discussion. Son attitude fuyante et effacée venait à nouveau dévoiler sa gêne. Il n'eut pas le temps de reprendre pour s'excuser avant que le jeune américain ne reprenne avec son accent craquant ; il fallait qu'il lui dise absolument qu'il le trouvait charmant.

    Le ton soudain réservé de l'infirmier attisa son attention, il lui prêta un regard profondément curieux, avant de balayer d'un revers de la main le sujet des femmes qu'il jugeait à présent dénué d'intérêt - maintenant qu'il savait que ces courbes généreuses ne trouvaient pas spécialement de grâce aux magnifiques yeux bleus de Jacob, cela ne lui importait plus d'en parler. À la place, il esquissa un mouvement vers le jeune homme, s'approchant d'un pas encore, comme pour briser la tension qui avait senti s'installer momentanément entre eux depuis qu'il avait gaffé.

    - Jacob, excuse-moi, ce n'est pas ce que je voulais dire. Ce n'est pas que tu n'es pas assez bien pour ce genre d'événement, loin de là, you look so gorgious. Il se sentit piquer un fard mais n'en tînt pas compte, préoccupé plutôt de rassurer le jeune infirmier. Ce que je voulais dire, c'est que tu m'avais l'air tellement spontané, cool et franc que cela m'a surpris de te voir dans une soirée mondaine. C'est censé être plein de faux semblants et d'hypocrisie, ces choses-là.

    Il esquissa le sourire le plus chaleureux et le plus sincère qu'il puisse dessiner avant de se tourner vers le buffet et de saisir une bouteille de jus de fruits.

    - Est-ce que du jus d'ananas te conviendrait mieux ? Il attendit son approbation avant de lui tendre un verre avec politesse. Je comprends mieux à présent, si c'est pour l’hôpital. Excuse-moi encore, bien sûr que l'intention était noble de ta part. Pour être honnête, je suis plutôt impressionné. C'est un métier que j'ai toujours admiré, je crois que jamais je n'aurais été capable de remplir une telle fonction.

    Cóemgen, en effet, avait apprécié les sciences naturelles plus que toute autre sujet en classe. Mais son cœur s'était tourné vers les plantes dès le plus jeune âge et la mécanique humaine, bien que passionnante, n'avait finalement eu que peu de place dans sa vie. À présent, il se demandait bien comment il aurait pu supporter un jour d'être aussi proche des hommes, de les toucher, de les aider. Il était tellement réservé et distant à présent, presque effrayé, qu'il n'envisageait même pas l'effort surmontable. Jacob avait tout son respect. Il ménagea un silence lorsqu'il réalisa l'estime qu'il avait déjà pour lui avant de continuer.

    - Et ton avis a du sens pour moi. Pour les fleurs. Même si tu connais peu mon travail et que tu n'es pas un habitué des fleurs, tu as un avis que je sais sincère et il est étonnamment frais et mature. Pour les Papa Meilland, tu as eu la réaction que j'aurais tue si j'avais été à ta place, mais c'est ce que j'aurais pensé au fond de moi. Du coup, savoir que tu aimes cette composition c'est un peu comme l'assurance pour moi que je ne fais pas offense à mes principes.

    Après une si longue tirade, il entreprit de se servir d'un verre de jus d'ananas, repoussant avec ferveur son envie de bulles - et d'alcool. Il en but une gorgée puis se perdit dans les iris saisissantes de Jacob. Ces mêmes iris qui lui renvoyaient le reflet de l'eau claire et fraîche de la Bretagne de sa tendre enfance.

    - Je viens de France. De la Bretagne, plus précisément. Ne ne viens pas d'ici, du coup, je suis arrivé il y a quelques mois à peine. L'Ecosse m'a séduit. Comme ses habitants... Il sirota une autre gorgée de jus au lieu de répondre. Et j'aime les hommes. Encore une autre.

    Il n'avait pas lâché ses yeux, de toute façon à force de se sentir rougir, fuir et sourire bêtement, il n'était plus à ça près. En accordant toute son attention à l'infirmier, il entama une lente marche vers un des murs de l'exposition, espérant qu'il le suivrait. En venant, il avait fait le tour des œuvres mais avait été trop dispersé, trop stressé par la foule pour y prêter une réelle attention. Ce n'est que lorsqu'il se retrouva en face d'une photographie agrandie aux proportion énormes et aux couleurs chaudes et sombres, dévoilant les chairs discrètes de deux parties de corps sensiblement appuyées l'une contre l'autre qu'il se souvint pourquoi il avait utilisé des Papa Meilland et d'autres roses pour ses compositions. Il se souvint qu'une partie de l'exposition présentait des photos subtilement cadrées, presqu'abstraites mais qui faisaient raisonner des échos clairs dans les esprits. Il se détourna légèrement, cherchant un coin plus neutre mais ils se trouvaient en plein milieu d'une vague d'érotisme, d'obscurité et de chaleur étouffante ; les images bien que soft appelaient l'imaginaire tendancieux. Le brun préféra planter ses pupilles dans celles de l'américain, pour ne pas se laisser distraire. Il ne rougissait pas. Il serrait les dents.

    - Je crois que je n'aime pas.


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    Re: Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen ▸ Jeu 28 Juin 2018 - 12:18
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    Jacob était partagé entre un soulagement immense semblant lui obstruer la gorge et un contentement qui lui échauffa l'estomac de manière inattendue. A moins que cette chaleur soudaine ne venait de la récente proximité que Cóemgen avait décidé d'installer entre eux, au grand étonnement de l'infirmier d'ailleurs - bien que cette situation n'était pas pour lui déplaire. Malgré l'expression béate qui s'imprimait lentement dans ses traits, il n’en revenait pas. Alors comme ça, il le trouvait cool, franc, et... avait-il bien dit gorgeous ? Il sentit une douce rougeur colorer ses pommettes, et pour la toute première fois, il la trouva presqu'agréable.

    Lorsqu'il lui répondit, sa voix sonnait plus rauque que d'habitude.

    ▬ Tant mieux, je pense à peu près la même chose de toi. Il était vague, principalement parce qu'il n'était pas foutu d'énumérer tout le bien qu'il pensait de cet homme qu'il connaissait à peine, mais surtout parce qu'il était persuadé que sa voix s'éteindrait s'il continuait sur cette lancée. J'étais tout aussi étonné de te voir au bal des faux-culs, heureusement qu'on a tous deux une excuse crédible.

    Il attrapa le verre tendu avec un sourire franc, se disant que depuis l’arrivée du brun, il souriait décidément beaucoup. Il observa distraitement le français qui affichait un air définitivement cordial derrière ses lunettes, air qui donnait à Jacob l'envie de bien se comporter, chaque fois un peu plus dès qu'il le voyait sur son visage.


    ▬ Mais crois moi Cóemgen, même si je trouve ça très flatteur de la part d’un bosseur comme toi, ce n’est pas moi que tu devrais admirer. Il y a des tas de types bien plus haut-placés et de plus méritants que moi, rien que dans cette foutue salle.

    Il haussa les épaules. Son ton trahissait une pointe de jalousie envers ses supérieurs, bien que le jeune homme aimait son métier. Il aspirait simplement à plus, et ne pouvait malheureusement pas blâmer qui que ce soit d'avoir limité sa carrière. Ca, il l'avait fait tout seul, avec l'aide des circonstances qui avaient amputé sa volonté.

    Fort heureusement, son interlocuteur lui donna matière à changer de sujet et Jacob l'en remercia presque, sachant pertinemment que cogiter à propos de ses rêves déchus de sauver le monde le mènerait en terrain glissant. Et quel sujet.
    Cóemgen venait implicitement de lui pardonner sa franchise parfois grossière et malvenue, qui avait d'ailleurs failli ruiner leur première rencontre, et l'infirmier se sentit soudainement bien plus utile qu'il ne le pensait. Par le fait de quelques phrases prononcées par cet homme, il trouva une légitimité nouvelle à donner son avis sur des choses qui ne le regardaient même pas, et il trouvait ça particulièrement grisant d'en avoir le droit.

    Sa grande main vint se poser sur sa nuque, comme chaque fois qu'il ne parvenait plus à contenir sa gêne, et il étouffa un petit rire satisfait. Ses doigts se mouvant inconsciemment à la racine de ses cheveux, il ne pu se résoudre à feindre l'assurance qu'il avait essayait toujours d'arborer quand il lui répondit doucement.

    ▬ Dans ce cas, je continuerai à te dire ce que je pense, je suppose.

    Ce n'était pas tout à fait une affirmation, ni vraiment une question. Mais plutôt une sorte d'espoir déguisé derrière sa moue incertaine.


    Puis, avec un intérêt sincère, il l'écouta parler de ses origines. Il était donc français. Jacob lui aurait presque fait remarquer que cela expliquait son charme et l'élégance qu'il dégageait naturellement, mais il tue cette pensée, se contentant de hocher la tête en entendant ses explications. Il n'avait que peu voyagé de lui-même, le peu de fois où il était sorti des Etats-Unis se résumant à de courtes visites pour des photos ou autres conneries superficielles qui ne lui avaient pas donné le loisir de visiter des beautés exotiques. Pourtant, il aurait adoré admirer des paysages inconnus, et la France devait en regorgeait au point où sa curiosité naturelle poussa Jacob a s'interroger sur ce qui avait bien pu mener Cóemgen à la quitter.
    Il lui demanderait un jour - mais pour l'heure, ils avaient entrepris de flâner à travers la galerie et il ne voulu pas entrecouper l'atmosphère agréable qui régnait de questions personnelles. Il marcha près du brun, remarquant à peine leur différence de taille qui ne lui paraissait plus si conséquente maintenant qu'il étaient si proches. Il se sentait étrangement à sa place, à ses côtés, arpentant ainsi les murs recouverts de... Tiens, les choses devenaient bien plus amusantes de ce côté de la galerie.

    Lorsque le jeune homme lui fit part de son goût plutôt réduit pour ces scènes suggestives, Jacob se retint de le trouver adorable. Si ses paroles n'avaient pas transpiré l'honnêteté, l'américain aurait pensé que son innocence était feinte. L'homme aux cheveux bleutés avait toujours cru qu'à une telle époque, il était tout à fait improbable qu'une âme reste si pure, mais la ravissante créature qui le regardait sans détours semblait on ne peut plus sérieuse.
    Il laissa deux perles rieuses aller du jeune français aux photographies sensuelles, et son manège dura sûrement une seconde de trop car elles dérapèrent sur la peau en apparence si douce, toujours visible au ras du cou du brun. Pas bien Jacob, coucouche panier. De tout ce qui était offert à sa vue, il ne sut plus vraiment ce qu’il trouvait réellement aguichant. Manifestement, son esprit était bien trop réveillé ce soir.

    ▬ Personnellement, je trouve le corps humain vraiment… Il laissa ses paroles en suspens, ramenant son attention vers un cliché plutôt fiévreux pour éviter de lorgner la silhouette du brun une fois de trop. Fascinant. La façon dont il se plie et se déplie, la courbure des formes, la force d’un muscle, tout ça varie d’une personne à l’autre. Chacun est unique, avec sa vision propre du monde qui l’entoure, tu vois ? Par exemple, tous les visiteurs n’auront pas la même conception de la sensualité au regard d’une épaule dénudée ou, je ne sais pas, devant le haut d’un torse à peine visible. C’est là où tu vois vraiment la force de l’imagination, je crois.

    Il bu innocemment une nouvelle gorgée de son jus, dont il apprécia l'acidité au point de lécher prestement sa lèvre inférieure. Puis il réalisa avec amusement que son débit de parole était inhabituellement inspiré dès lors qu'il s'agissait de nudité. Il devait se calmer ou il risquait de mettre Cóemgen vraiment mal à l'aise.

    ▬ Enfin, regarde moi, à faire les mêmes élucubrations que les vieux bourges autour de nous ! Je crois que tu me rends bien trop sensible mec, entre l’art et les fleurs, c’est presque un miracle. Son air mutin trahissait la légèreté de ses paroles quand il continua, offrant une voie de sortie au fleuriste d'un geste vers le reste de l'exposition. On n'a qu'à aller voir un peu plus loin ce qu'ils ont a nous proposer.

    Sans s'éloigner du jeune homme, Jacob se détourna des photographies qui, même si elles n'étaient pas pour lui déplaire, semblaient ne pas être tout à fait au goût de son compagnon de la soirée. Merde, c'est qu'il devenait presque attentionné.



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    Re: Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen ▸ Dim 1 Juil 2018 - 21:09
    Tandis que Jacob se tournait vers une oeuvre pour la juger avec un intérêt non-dissimulé, le petit brun s'était lui éloigné de celle-ci, tournant son dos à son interlocuteur et croisant les bras. Les yeux bleus du jeune homme ne croiseraient pas son regard perdu, baissé, longeant les plinthes de la vaste salle. Pianotant vivement sur son coude, ses doigts fins évacuaient sa nervosité. Derrière le verre de ses lunettes orientées vers les recoins les plus infimes de la pièce, pour ne plus qu'il voit les images qui le dérangeaient tant, ses sourcils étaient relevés dans une expression presque inquiète.

    Il aurait aimé pouvoir dire que c'était une question de principe, que c'était parce qu'il voyait en ces œuvres une atteinte à la vie privée des personnes, mais peut-être que s'il avait aimé son corps, il aurait été le premier à s'exhiber ainsi ? Il considéra un instant la question avant de secouer doucement la tête, les dents serrées et les lèvres pincées. Non, décidément, même gaulé comme pas possible il n'aurait jamais fait ce genre de choses. Même si la plupart des photographies représentaient des parties très innocentes des corps, d'autres par contre, ne laissaient aucun doute possible sur la position des modèles photographiés. Qu'elles soient mimées ou réelles, la mise en scène de ces images le choquait. Comment pouvait-on vouloir apparaître nu dans une exposition visitée par tant de personnes ? Bien évidemment, il était inutile de questionner Cóemgen sur son opinion quand à la diffusion d'images ou de vidéos pornographiques.

    Le brun était presque déçu que Jacob trouve un intérêt dans ces images, mais il ne pouvait que le comprendre et l'accepter. De toute façon cela ne le concernait pas, jusqu'ici. Il avait en revanche été relativement vexé que le jeune américain soit amusé par sa réaction - il l'avait vu dans son regard. Peut-être qu'aux Etats-Unis ce genre d'images étaient vraiment communes ? Cóemgen croisait sans cesse des corps sublimés dans les publicités des rues de Paris à l'époque, alors cela devait bien être pire au-delà de l'Atlantique.

    Précédent avec hâte Jacob vers une autre pièce, il haussa ses épaules à ses dernières phrases, préférant s'arrêter devant des portraits divers de personnes aux traits de visages si semblables qu'on aurait dit des frères, mais pourtant appartenant à deux familles différentes. Ce n'est qu'une fois en terre neutre et saine, qu'il tourna un regard blasé vers lui, répondant à son analyse d'oeuvre qu'il avait, malheureusement, été obligé de suivre.

    - Peut-être que le corps humain est fascinant, comme tu dis mais... Son regard vint à nouveau buter contre une plinthe. On peut le montrer sans entrer dans l'intimité des gens. Moi ça me met mal à l'aise, en plus la plupart de ces images déforment la réalité et la montrent plus lisse et plus parfaite. Les gens ne sont pas tous beaux comme ça.

    Les portraits défilaient sous ses yeux à mesure qu'il avançait et il s'arrêta à nouveau devant deux femmes aux yeux clairs presque identiques.

    - Et puis, clairement, quelques-unes représentaient des scènes de sexe, comme si c'était tout à fait normal de présenter ce genre de choses.

    S'il avait pu vomir le mot "sexe", c'est certainement ce qu'il aurait fait. Son visage avait légèrement blêmit et il sentit le besoin de sortir par une baie vitrée grande ouverte sur la rue pour inspirer l'air frais du soir tombant. Il n'y avait pas beaucoup de monde dehors et il s'adossa à la façade de la galerie. Le sujet le rendait malade. S'il avait eu un peu de recul sur la situation, il se sentirait ridicule et s'en voudrait de s'être montré sous un jour aussi fermé et intolérant à Jacob. Mais Cóemgen était beaucoup trop préoccupé par ses démons pour rester de marbre face aux représentations qu'il jugeait obscènes des corps humains. Et pourtant il savait que c'était par pure haine de sa propre situation.

    - Tu trouves ça normal, toi ? L'agressa-t-il presque avant de croiser son regard. Il leva la main en guise d'abandon et son regard se perdit à l'horizon. Laisse tomber...

    De là où il se trouvait, il distinguait les pots colorés qui se trouvaient devant sa boutique, subtilement éclairés par les réverbères de la rue. Le fleuriste attendrait son retour pour les rentrer. La situation lui donnait honnêtement envie de fuir, de rentrer chez lui et de pleurer, de crier. Mais il se contenta de renverser sa tête en arrière et de la reposer sur le mur une seconde. Puis il fit une moue en s'adressant à nouveau à Jacob, qui ne devait rien y comprendre.

    - C'est pas très gentil de te moquer de moi, au fait. On est pas tous égaux face à la nudité, si je suis gêné ça me concerne.

    Ses doigts pianotaient à nouveau, contre le mur à présent. Petit à petit, le brun était gagné par la honte. Il allait passer une très mauvaise nuit, c'était certain.


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    Re: Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen ▸ Mar 3 Juil 2018 - 21:44
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    Jacob l'avait sû à la minute où il avait aperçu l'air désapprobateur du jeune homme, et sa réponse n'avait fait que confirmer sa conviction qu'il était allé trop loin. En fait, il ne connaissant que trop bien le regard fuyant et l'attitude mal aisée qu'il avait adopté pour s'en voir récompensé chaque fois qu'il s'emballait un peu vite. L'infirmier n'avait malheureusement jamais su retenir ses interventions, adoptant un comportement que ceux qui croisaient sa route jugeaient parfois excessivement passionné, ou à l'inverse, démesurément détaché et méprisant. Les réactions fuyantes qu'il obtenait en retour n'avaient fait qu'alimenter son incapacité à tisser de véritables liens avec les autres.

    Cóemgen lui avait explicitement exposé sa théorie selon laquelle ces scènes ne reflétaient qu'une perfection irréelle, chose à quoi l'homme à la crinière bleue ne pu retenir un hochement de tête négatif. Il avait toujours trouvé que l'harmonie d'un corps humain ne relevait en aucun cas de qualités ou de défauts purement subjectifs, mais bien de chaque trait, chaque cicatrice et marque du temps qui venait joncher une peau plus ou moins claire, ou lisse. Il était de ceux qui s'éprenaient volontiers d'un physique qui avait plus a raconter qu'une plastique sans imperfection, et il ne su dire pourquoi il tenait tant, à cet instant, à éclairer le brun sur ses goûts.

    ▬ Je pense justement que tout le monde est beau à sa manière, Cóemgen. Il lui coula un regard qu'il voulait sympathique, sans se rendre compte qu'il le contemplait plus qu'il ne le regardait simplement. En tout cas toi, tu l'es, et ça c'est assez indiscutable.


    Bien qu'ils aient changé de décor, l'air lui paru toujours capiteux, comme chargé du souvenir voluptueux de silhouettes nues qui n'aidait pas vraiment à alléger l'atmosphère entre les deux hommes. D'autant plus que Cóemgen semblait si peu enclin à évoquer ouvertement l'idée même de relations charnelles que l'infirmier en venait à se demander si son aisance avec le sujet n'était pas anormale. A vrai dire, il avait toujours été confortable avec la passion physique, tant que celle-ci restait méticuleusement dissociée aux sentiments ennuyants qui allaient généralement de paire avec. Il n'avait jamais jugé bon de dissimuler ses envies, estimant qu'elles n'impliquaient rien de sérieux ni de fondamentalement malsain, mais maintenant qu'il se sentait épié par ces yeux d'un vert troublant, il ne savait plus quoi penser. Après tout, en tant qu'infirmier, il n'y avait rien de mal à ce qu'il ne rougisse plus face à un corps dévêtu, si ? Et puis, un homme de son âge avait assez connu d'amants pour en parler sans chevrotement dans la voix... Enfin, c'était les arguments qu'il répétaient pour se convaincre, mais quelque chose dans le visage du fleuriste, qui se dirigeait alors vers l'extérieur, l'avait fait douter.
    Il su, alors que celui-ci s'adossait au mur et laissait ses émotions retomber sous l'air frais, qu'il ferait mieux de veiller à ce que ses propos ne gênent plus son interlocuteur. Et il le ferait - peut-être.

    Le jeune homme eut l'air perdu, tentant vainement de comprendre la légèreté de Jacob à l'égard de ce sujet qui paraissait plus que délicat pour lui. Il sentit que ce dernier aurait sûrement voulu être n'importe où sauf ici, conversant de choses impersonnelles avec un inconnu tel que lui qui sortait de nul part et racontait apparemment tout ce qui avait le malheur de lui passer par la tête. Ce fait lui déplaisait, et il se sentit subitement obligé de le rassurer sur leur différence afin de ne pas accentuer celle-ci.

    ▬ Tu sais, j'crois que c'est aussi une question de culture, et d'éducation. Il pinça prestement ses lèvres ensemble, subitement embarrassé à l'idée de souligner leur évidente dissemblance de manières. Dès leur rencontre, Jacob avait remarqué que le jeune brun semblait bien plus valeureux que lui, comme si son enfance difficile et ses moyens précaires étaient visibles à travers le moindre de ses mouvements en comparaison à ceux de l'autre homme. Il repris dans un quasi-murmure. 'Fin, j'ai vécu dans un... milieu où les gens s’embarrassaient pas avec la pudeur, alors je suppose que j'en ai toujours un peu manqué... Désolé si c'était déplacé.

    Ses excuses avaient à peine été audibles, et ses joues brûlèrent ardemment à l'instant où il réalisa. C'était la deuxième fois qu'il s'excusait face à ce type, qui lui faisait indubitablement un peu trop d'effet. Où était passée sa fierté ? Il soupira doucement devant l'étrangeté des réactions que Cóemgen provoquaient chez lui, s'intimant de faire plus attention à ne pas trop se laisser aller à l'avenir.

    Son corps tout en longueur tomba silencieusement contre la surface rêche du mur, de manière plutôt synchronisé avec son compagnon de soirée, jusqu'à ce que ses grandes jambes soient à demi repliées devant lui. Il interpréta cette nouvelle posture comme une sorte de trêve, une accalmie qu'il imposait à ses paroles trop irréfléchies alors que ses épaules touchaient presque celles du brun.
    Puis, il orienta son visage face au sien alors que son crâne, lui, reposait encore mollement sur la surface dure. Il fut un instant frappé de leur proximité mais n'esquissa pas pour autant la moindre intention de reculer. En vérité, il se sentait plutôt bien où il se trouvait, même s'il avait la désagréable impression de devoir supplier le fleuriste de le pardonner pour absolument tout ce qu'il faisait.
    Le coin de ses yeux bleus s'étira sous le poids du sourire consolateur qui tentait d'assagir ses précédentes paroles.

    ▬ Eh, je me moque pas, loin de là. Il haussa les épaules, effleurant l'autre au passage. Tu commences à comprendre que j'suis plutôt maladroit comme gars, hein ?

    Alors que le bourdonnement sourd des conversations persistait de l'autre côté, Jacob prit le temps de promener ses pupilles sur le minois délicat du brun, se souvenant du compliment qu'il lui avait piètrement présenté quelques minutes plus tôt. C'était un euphémisme. Ce garçon avait définitivement plus qu'une beauté commune, et quelque chose au fond de lui l'avait déjà bien compris, quelque chose qui le rendait peut-être un peu trop spontané, et qui poussa alors sa main à se poser sur le genoux de Cóemgen pour lui montrer sa compréhension. Ses doigts fins enserraient son jean sagement, sans faire preuve de la force qui aurait pu effrayer le bel homme, ce qui aurait été fâcheux : son geste avait été motivé par une envie soudaine de le dissuader de fuir. Sa prise se voulait amicale, quoique la chaleur de la peau qu'il devinait sous sa paume le déstabilisa légèrement lorsqu'il lui adressa quelques mots rassurants.

    ▬ J'aurais jamais de raison pour me foutre de toi, en fait, t'as été plutôt irréprochable. J'veux pas te mettre mal à l'aise, je sais que j'ai l'air d'un rustre mais... T'as vraiment l'air d'un type bien, et j'en connais pas beaucoup.

    Il ne su si le brun remarquerait la lueur désespérée qui brillait dans son regard, celle qui était conscience que ce dernier pouvait prendre ses jambes à son cou à chaque seconde pour aller là où lui ne serait pas. Ses billes azur s'accrochaient à Cóemgen avec une telle intensité parce que, en cet instant, il n'avait absolument pas envie que cela se produise.



    Cóemgen
    Cóemgen 
    Groupe : ◑ Oubliés ▬ Terre, Feu
    Nom et prénom : Cóemgen Kergoat
    Genre : Hermaphrodite
    Âge : 27
    Origine : France
    Emploi : Fleuriste
    Aptitudes : X
    Particules : 46
    Messages : 63
    Re: Could you see me among masterpieces ▬ Cóemgen ▸ Jeu 5 Juil 2018 - 22:51
    Lentement, en même temps que le jeune homme qui se trouvait à quelques centimètres de lui à peine à présent, le brun se laissa glisser le long du mur. Enfin pas réellement, il avait bien trop peur d'abîmer sa chemise. Disons qu'il s'accroupit avec une certaine raideur, posant crécautionneusement ses fesses sur le bitume. Ses longues jambes une fois repliées et une position ainsi confortable adoptée, il appuya sa tête sur le crépis craquelé du mur blanc. Ses lèvres entrouvertes, il respirait l'air pur de Stonehaven par la bouche, la nuque toujours renversée, comme épuisé. Il avait écouté attentivement les paroles de Jacob et son silence témoignait de la façon dont celles-ci le laissaient incertain. Tous les doutes qui l'habitaient en permanence se voyaient doucement occultés par la bienveillance et l'attitude pour le moins charmeuse de l'américain. Cóemgen appréciait que celui-ci s'excuse - il n'aurait pas pensé que son irritation le préoccupe - et se sentait à la fois amusé, charmé mais méfiant de son compliment. Certes, il lui en avait fait un aussi pas plus tard de tout à l'heure, mais cela faisait vraiment très longtemps qu'on ne lui en avait pas retourné un de cette façon. Le petit français, bien que parfois sainte-ni-touche, ne manquait pas de toupet en soirée, quand il aguichait, aidé par l'alcool, quelque jeune homme. Alors oui, parfois il s'était vu retouner des douceurs, mais toujours entâchées d'une bonne couche d'ivresse. C'était une, si ce n'était la, première fois qu'on lui disait honnêtement qu'il était beau.

    Il en était encore coincé à ce stade lorsque la main fine et chaude de Jacob vint se poser sur son genou. Se redressant un peu plus vivement qu'il ne l'eut voulu, il tourna sa tête dans la direction opposée, fixant les pots devant sa boutique. Une drôle de sensation l'avait secoué, comme s'il descendait brusquement de plusieurs étages, une vague d'incompréhension et de surprise qui l'avait submergé. Son corps comme tétanisé refusait de se détendre et Jacob pouvait certainement ressentir le malaise, mais il se força à tourner à nouveau son sourire, un peu crispé, vers lui. Puis, comme il ne savait pas exactement quoi dire, il lui sourit de plus belle, avec un peu plus de naturel. Puis, pour éviter la gêne, il baissa la tête, se mettant à scrutter le sol. C'est alors qu'il s'aperçut que sa chemise baillait. Baillait beaucoup. Il rosit instantanément et porta la main à son torse, tentant de rabattre tous les jours qui s'étaient formés entre les pans et les boutons de sa chemise. Il se sentit bête, Jacob à côté venait de subir pendant quelques minutes le spectacle indiscret de son torse blanc à moitié exposé. Il se redressa, droit, en tailleur, afin que le tissus tendu ne baille plus.

    - Excuse-moi, souffla-t-il, avec un sourire. Puis il rit. Enfin, ça ne doit pas te déranger, tu en as vu d'autres visiblement.

    Il garda son sourire malgré la peine qui lui rongeait le fond du ventre, de savoir Jacob si libéré alors que lui-même n'avait jamais étreint un corps et ne le ferait probablement pas de si tôt. Ses doigts délicat s'emparèrent d'un caillou qu'il trouva par terre. Il souhaitait changer de sujet.

    - Alors, dis-m-en plus. Tu es donc infirmier. Ici, à Stonehaven ? Cela fait combien de temps que tu es ici ?

    Il fit rouler le caillou un peu plus loin avant de plonger ses yeux curieux dans ceux de l'américain. Il trouvait étrange comme leurs conversations venaient si souvent être troublées par des divergences d'idées. Avec ses clients, le fleuriste entretenait toujours des relations très cordiales, aucun événement ne venait troubler les moments où ils faisaient connaissance. Au bout de cinq minutes à peine, il savait en général l'origine, la profession, la situation et le nombre d'enfants des personnes qui visitaient sa boutique et c'était pour lui une chose tout à fait normale pour un début de relation. De Jacob, il avait appris l'origine et la profession tardivement, par contre il savait son avis sur les Papa Meilland, son arrogance, son insolence parfois, son avis sur la nudité, sa notion de la beauté, son aversion pour les relations mondaines, ils avaient évoqué l'art et le sexe ; partout où leurs conversations les avaient menés se trouvait une nouvelle coquille, un nouvel accroc qu'il fallait adoucir pour embrayer sur un nouveau sujet incertain.

    Cóemgen trouvait définitivement son approche étrange mais il aimait finalement ne pas savoir à quoi s'en tenir. Cela le piquait toujours au vif, comme ses compliments, comme sa main sur son genou. C'était inconfortable mais nouveau, une aventure qu'il ne refusait pas dans sa vie calme. Un gamin pour déranger un peu son quotidien. Enfin, s'ils venaient à se recroiser. Le brun l'espérait.

    Il avait presque envie d'annuler sa question, de lui en poser une autre, qui dérangerait encore. Mais il le laissa parler, conscient qu'ils ne tiendraient pas le rythme longtemps s'il fallait encore s'excuser, se gêner ou se contredire.


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