Rafael Rosenbach
Que l'air du ciel est pur ! Respire, respire, cœur navré de joie ! ▬ Lorenzaccio IV, 11, Musset.
Nom : Rosenbach
Prénom : Rafael
Surnom : Monsieur
Date de naissance : 09 juillet 1984 (35 ans)
Origines : Allemandes, ancienne RDA
Métier : Professeur de langue française en lycée. Il est actuellement en arrêt maladie.
Lieu de vie : Triste appartement sous les toits, dans un petit immeuble caractéristique du centre-ville de Stonehaven.
Depuis quand votre personnage est-il à Stonehaven ? Un an et trois mois.
Connaît-il la théorie de la Quintessence ? Il en connait principalement tous les détails antiques, pas du tout le fonctionnement contemporain réel.
Y croit-il ? Absolument pas.
Prénom : Rafael
Surnom : Monsieur
Date de naissance : 09 juillet 1984 (35 ans)
Origines : Allemandes, ancienne RDA
Métier : Professeur de langue française en lycée. Il est actuellement en arrêt maladie.
Lieu de vie : Triste appartement sous les toits, dans un petit immeuble caractéristique du centre-ville de Stonehaven.
Depuis quand votre personnage est-il à Stonehaven ? Un an et trois mois.
Connaît-il la théorie de la Quintessence ? Il en connait principalement tous les détails antiques, pas du tout le fonctionnement contemporain réel.
Y croit-il ? Absolument pas.
Composition :
Groupe souhaité : Appelé par l'Air.
30% terre ; 39% eau ; 2% air ; 29% feu
Groupe souhaité : Appelé par l'Air.
Abrégés
Ces éléments sont suffisants pour connaître le personnage, vous pouvez donc vous contenter de cette lecture pour trouver les informations importantes.
PHYSIQUE. 1.85m / 65kg • maigre, anguleux, os apparents • constitution fragile, souvent malade • peau très pâle, couverte de tâches de rousseur, brûle au soleil, marque très vite • cheveux mi-longs, roux terne, bouclés • yeux pers, expressifs, cernes prononcés • visage creux et pointu • profil grec, nez droit • lèvres fines et sèches • dents mal alignées, légèrement jaunes, canines pointues • sourcils naturellement un peu froncés • imberbe • longues mains fines, ongles entretenus • grands pieds • pomme d'Adam proéminente • voix grave, légèrement éraillée • myope, porte des lunettes • étrange grâce • souple • photogénique • fait des efforts pour se tenir droit • démarche faussement assurée • air toujours un peu perdu, mais agacé d'être perdu • sourit très peu • aucun style vestimentaire.
CARACTÈRE. tempérament calme et réfléchi • apathique • solitaire • taciturne • discret et pudique • renfermé mais pas timide • casanier • patient • prudent • studieux • consciencieux • précieux • soigneux • a des phases pendant lesquelles il est plus négligé et désordonné • s'épuise facilement • raffiné • efféminé • intellectuel • sceptique • obsessionnel par phases • passionné par beaucoup de choses, mais manque d'enthousiasme dans tout ce qu'il fait • orgueil mal placé • perfectionniste • pragmatique • souvent dans la lune • tête en l'air • un peu gauche • horriblement exigeant, et donc souvent déçu des autres et de lui-même • déception résignée, lasse, et habituée • méprise ce(ux) qu'il ne connait pas • éternel insatisfait • honnête, parfois brutalement • parle très, très peu • profil neurasthénique • égoïste par nécessité : absolument incapable de prendre du temps pour quelqu'un d'autre tant il est lui-même mélancolique et pauvre en émotions • était attentif aux autres avant d'être trop fatigué pour cela • s'agace rapidement, pour n'importe quel motif • mauvaise humeur bougonne, mesquine, mais rare • de manière générale, se méprise et se hait tout entier • accorde peu sa confiance • nihiliste et nietzschéen, selon l'humeur • souffre de dépression (caractère très affecté par la maladie) • profondément triste.
NOTORIÉTÉ. gros fumeur, amateur de tabac • polyglotte (allemand, français, anglais, russe, latin) • docteur (agrégé) ès littérature française du XIX° siècle • a écrit une thèse sur le thème du vide dans l'oeuvre de Mallarmé, très bien reçue par le jury • nombreuses maladies respiratoires : asthme sévère, dyspnée expiratoire chronique, pneumothorax récurent, apnée du sommeil, allergies au pollen, à la poussière, aux poils de certains animaux • cloison nasale légèrement déviée, respire mal • insuffisance cardiaque • ne supporte pas le contact physique avec les humains • frileux • excellente mémoire pour retrouver les objets • achète et lit la presse chaque matin • déteste inviter chez lui • préfère être trempé plutôt qu'utiliser un parapluie • correcteur de grammaire compulsif à l'oral • roule en MGB GT (modèle anglais) vert feuille et défoncée • entretient une correspondance en français, sans que l'on sache avec qui ni à quel sujet • ne sait pas répondre aux mails et sms à l'heure, ne répond jamais au téléphone • picore plus qu'il ne mange • jambe droite cassée (contextuel).
comme professeur, image ambivalente : ton monocorde accentué par des gestes nerveux et une certaine brutalité, casse les craies en écrivant au tableau tant il force dessus. peu pédagogue, compte sur l'enseignement du par cœur. cours très peu ludiques, tributaires de son humeur du jour. sévère mais juste, se garde d'être trop personnel avec ses élèves, est attentif à leur niveau, plus attentif encore aux garçons ; donne très peu de travail à faire, convaincu de la fainéantise de son public. sous-note volontairement. donne des appréciations bizarres. ne tolère aucun écart dans sa classe, se fout éperdument du comportement de ses élèves en-dehors. sait étrangement se faire respecter. sait faire rire les élèves, probablement malgré lui ; accepte qu'ils rient de lui s'ils ont une raison de le faire. rit d'eux s'il a ses raisons. les insulte en français s'il a ses raisons. apprécié pour son honnêteté et sa constance. s'offusque en faveur des élèves dès qu'il juge quelque chose scandaleux, et informe ses classes s'il juge cela nécessaire. refuse toute discussion politique, sauf s'il initie le débat ou s'il considère l'intervention d'un élève sur le sujet pertinente. critique ouvertement ses collègues et la direction ; n'est pas très apprécié au sein de l'établissement, mais trop qualifié et apprécié des élèves pour être inquiété pour son poste. clairement sous-payé, mais ne s'en est jamais plaint.
I.
C'est dans un courant d'air, le manteau usé, qu'il perd en volume une fois rentré. Le brun de la toile s'est terni à force d'averses, de voyages en train et de rebonds du cartable de cuir sur l'os de la hanche droite, la main blafarde crispée sur la poignée depuis que la courroie s'est décousu elle-même bannie. Elle lâche, la main, évidente sur le plancher un peu escarpé, le cartable, donc, à même l'entrée à niveau avec rien ; il semble que ne s'effondre qu'un seul côté de l'immeuble. Il fatigue, son bras tombe avec la poignée, il semble, mais non, non, c'est seulement le manteau qui traîne, fatigue d'être porté et qui par son vote illustre signe son exil ; et d'un geste auquel manque quelques articulations le manteau est banni, le professeur congédié.
L'homme reprend haleine. Le dos encore voûté sous le poids juste retiré, la nuque osseuse et raide, il ne va plus, ne vient pas, il remonte sa pente et descend les yeux, monte surtout, fixe, illuminé, certains angles improbables de ses poignets noués, des doigts maigres et immobiles puisque tout mouvement est inquiet. Il reprend son souffle, défait les plus hauts boutons de sa chemise, l'esprit, ce lac boueux, obsédé par la couleur du manteau. Oui, combien de temps tiendra-t-il encore ?
Ses doigts n'ont plus d'intérêt. Ils vont se poser sur les reliefs osseux du torse, là où se trouvent la rate et l'humeur ; voilà des années qu'il ne s'est pas vu. La trop grande surface du dos miné s'affaisse, mais le coton froissé de son uniforme ne sait prendre une autre forme que celle de sa négligence. Il oublie, à force, la chute cassée de ses reins, la scoliose, la perte de temps, et ses drapés l'oublient aussi. Ils ignorent tous qui porte qui.
La porte, comme lui, il la sait plus qu'il ne la conçoit. Elle s'est fermée sur les dernières ondulations de la toile délavée, se condamne sous quelques tours de clefs. Il ne voit plus ce qu'il fait ; chaque coup une inspiration, imagine-t-il, doublée de la sécurité de rites terrestres, encore. Si son côté de l'immeuble s'affaisse, il sera de l'éboulement. On trouvera alors, échoué depuis le quatrième étage et enseveli sous les tuiles et la mousse, le cadavre d'une hirondelle beige, livide de trop de pluie que l'on apercevait quelquefois, comme on se remémore les légendes, au coin d'une rue, absente de là où elle se trouvait, grande et encore droite, les yeux pers guidés par les longueurs orangées et bouclées qui chatouillaient sa nuque toujours maigre mais battue par un pouls vif, absorbée qu'elle était par une feuille, un pavé défait ou quelque poésie que sa cervelle unique savait entendre, l'hirondelle somnambule que l'on n'osait réveiller trop brusquement de peur qu'un trou d'air ne l'entraîne loin du bord du toit et que, lorsqu'on la voyait ainsi rêver, l'on approchait seulement jusqu'à se montrer à l’œil égaré, qu'il s'habitue aux étrangetés parasites et qu'il les rencontrât de lui-même, autorisant un mot amical ou une galante salutation. Peut-être son visage serait-il paisible si ses yeux, d'ordinaire profondément agiles, n'avaient eu le temps de sentir le sol se dérober.
Un éternuement, un second. La terne auréole trop longue, trop lourde, pharaonique — lesquels, déjà, ont assis le feu doré de leur chevelure sur le trône ? qu'importe, le pouvoir fait frémir le profil très droit et les spasmes portent le siège de Ptolémée, de Ramsès sur le nivellement du parquet, raté comme lui, les genoux frêles contre le torse marbré, transi du froid du nid battu par Borée.
L'épaule orientale douloureuse trouve réconfort entre la joue creuse, l'oreille glacée, la pommette saillante, les plis du vêtement par l'immobilité crasse encore porté et la peau, sèche de l'hiver et de mots, rouge du peu d'air qu'elle prend, bleue de celui qui lui manque, pavée de tâches de son griffées de gêne, point à point pour l'enfant qu'il a oublié de ramener de l'école, fiévreux dans la nuit qui tombe. Blotti là, égratigné par les toiles froissées, il oublie ses mocassins aux pieds lorsqu'il quitte son pantalon, tire dessus, stupide araignée, un peu seulement pour ne pas se faire mal, à se débattre ainsi, le souffle court à nouveau, les longs orteils pitoyablement agrippés au talon coincé, tout colle ; les sourcils froncés, les lèvres mordues sont écœurés de la place qu'il prend.
En dépit de la mue qui les entrave, les jambes se cachent sous ce qu'il reste de cuisses après la perte de poids. Ses bras superbement efféminés tractent le manteau, rejeté sur le côté, rejeté avec les longues manches qui pendent et bloquent les coudes et dont il se débarrasse à grand-peine, puisque c'est bien le cuir qu'il réclame. L'apnée, certes, le ressenti des poumons arides accueille sur le corps prostré le reste du lettré, grotesque Pièta, puis l'air illustre, mal à l'aise, si gauche. La première pression rate son but. La seconde le délivre, phasme délirant.
Le souvenir, sur les verres de ses lunettes tordues, des dix doigts évanouis le long du corps, calmes. La cheville irritée par l'ongle trop long d'un orteil pique un peu. Plus besoin des yeux, alors il les range : il quitte les verres gris pour retrouver l'anonymat de l'intimité, comme l'air et l’orgueil cachés sous des feuillets de prières reliés de peau. Il arrache celle qui tombe, au coin de sa bouche, à coups de canines abîmées.
Aucune courbe pour retenir le français que faisait glisser la finesse de ses ongles, le long des hanches fermées jusqu'aux nœuds des genoux ; son buste sans triomphe se hisse pour le laisser fuir, à raison, la misère écorchée, et il se rend aussitôt. Le coton s'en va rejoindre le reste du costume amoncelé là, juste équilibre ; il le détaille sans tendresse, il est absurde de chanter les vilains oripeaux, mais tout est plus pittoresque que le vestige de sa virilité.
L'évident dénuement n'inspire que le frisson. Il frissonne donc.
Les coudes moulés à l'académie éromène pensive échouent enfin au sol tandis que le dos las ruisselle, d'abord sur les cuisses, plus tard sur le plancher. Recroquevillé quelque part entre le flou et le noir, peut-être, mais seul enfin.
Il est beau, il est beau comme le dégel.
II.
Mieux... Il est temps de se lever. Oui, du temps. C'est l'ambition qu'il faut au nouvel aveugle pour sentir la nuit tomber ; l'homme ne connaît son corps ni sa mémoire, mais il sait ce qu'il coûte de confier l'un et l'autre à l'appréciation du temps. C'est la crainte fondamentale, désormais, et l’œil écrasé voit plus lucidement l'obscurité des combles qu'il habite, de la lucarne, timide iconostase. Il faut bien le coude et les deux mains pour épargner à la joue empreinte des lattes la crispation migraineuse d'un autre début de soirée... A-t-il seulement dormi ? Combien de temps, encore, a duré...
L'extrême concentration des paupières closes révèle à la plante de ses pieds un sol stable, certainement assez pour supporter le fret accablant de culpabilités, d'ires, et le désordre de l'esprit fêlé. Envie, encore, il y vient ; oh, il n'espérait rien, non, il s'est assez déçu, rien de plus simple lorsque l'on est polyglotte : am Leben sein, « am Leben sein », nez soudain bouché et vue floue, dans l'entrée, n'y avait-il pas... à quoi parle-t-il ? Constater l'état de sa voix le fait frissonner.
Il écarte le placenta de cuir, de coton et de sueur — ne portait-il pas une écharpe, ce matin ? dans la voiture peut-être — d'une pointe de chausson, habitude qui ne l'a jamais quitté ; et son spectre rejoint la cuisine nue comme lui. Tandis que le doux ronronnement du feu accompagne le vide de sa tête, il oublie la main ajustant son prépuce, mal mis depuis le retour dans la caverne. La honte éclot, comme à chaque fois qu'il se surprend dans l'intime. Les joues s'empourprent et s'excusent ; après tout, à quoi peut-il bien faire honte ? Cette tête est vide et il ne servira qu'une seule tasse de thé. Le remords, malgré l'isolement, à la seule pensée de l'abandon brûlant et l'eau froide qui mord la peau noie la digue qui retient les lointaines versions latines, féroces comme les loups en chasse, « O puer, ut sis vitalis metuo, et majorum ne quis amicus frigore te feriat. » Horace... non, Homère, Homère qui, non... Il se fait mal en fermant le robinet sans savoir par où il souffre ; le tracas un mauvais souvenir.
Il appelle cela un thé du Bosphore. L'eau brûlante se verse presque malgré lui puisque sa vue est trouble. Le parfum de la rose, dans le thé et dans le miel, embaume l'espace au-dessus des plaques en ne procurant aucun plaisir. En fait, il se trouve si contrarié par ces brumes qu'il quitte la pièce et se retrouve perdu sur le seuil. Il allait chercher quelque chose, il en est presque certain, n'y pensait-il pas à l'instant ? La Turquie, l'eau, la peau sèche des mains figées par les engelures... Il monte le chauffage, il essaye tout du moins ; le peu de patience qu'il reste à ses ongles pour retrouver la dextérité clef du confort, et cette molette, il n'a plus le temps et sent poindre la migraine, les rides du front forçant les paupières à tomber. C'était cela, oui, ses yeux ; il s'agenouille dans l'entrée, récupère depuis les limbes du cartable la paire de lunettes qu'il désespère de savoir si sale, le mouchoir si loin.
Ses épaules ont mal d'un soleil en lui qui éclaire sans faire d'ombre, ou peut-être est-il dehors. Le rideau tiré de la lucarne avoue son ignorance ; quant à ses yeux, ils sont trop occupés à chercher dans le noir les traces de son asthme sur les verres et à les faire essuyer par sa chemise. Mieux... ? Il n'en a cure, se relève, marche sur ses mocassins, s'en agace. L'heure. Il s'agirait de renouer avec le monde. Assis là, puisque son bassin a glissé au sol, les lèvres entrouvertes et les sourcils froncés en direction de rien, il craint de mourir pour la vérité. Contemple l'abîme. Redoute l'évidence. Sa déglutition est extraordinaire.
La charogne se relève en plein éboulis, renifle, s'étrangle. Parce qu'elle ne sait plus comment occuper sa monstrueuse existence, elle ramasse le sac et le traîne jusqu'au pied de l'épave du fauteuil. Une contrefaçon d'homme qui erre du bureau désordonné — il va récupérer une plume — jusqu'à l'entrée, encore, pour repousser du pied le linge de corps insupportable à sa vue. La table basse pour poser la plume, la bibliothèque pour choisir son tabac, la table basse pour poser le tabac, une boîte contenant une autre boîte contenant la pipe qu'il faut, l'épave pour s'asseoir, le sac pour trouver parmi toutes ces feuilles une intention et une boîte d'allumettes, le sac pour que d'autres aient un avenir peut-être moins funeste que le sien, le sac, puis le tassage méthodique et courtois, puis l’œil vers la lucarne, puis l'équilibre précaire du pied sur l'échelle et du bras tendu vers le rideau, la lumière du jour, l'heure, puis le dégoût de ce ciel plus gris que ses yeux et le dégoût de l'heure, puis l'éternuement puis le mouchoir en tissu qui traîne sur le futon puis le sac puis l'inhalateur.
Il est assis. Il contemple le vide de l'appartement qu'il essaye d'occuper, ou, comme un reflet, son vide à lui. Il fume en paix, a oublié le thé qui infuse.
Enfer. Les os sonores et fourbus au-dessus de la relique, l'indolent s'émeut du blasphème, constate avec l'adresse de l'expert et l'aigreur du mauvais perdant l'odeur entêtante, incandescente comme celle du tabac qu'il tient au creux de sa main, oisillon ardent, et le sucre écœurant à l'origine inconnue ; il jette, dégoûté, la pince dans l'évier, ne nettoie rien des feuilles qui ont manqué la tasse et qui jonchent le plan de travail. Il éternue sur le chemin de la table basse et jette, passionnément, un regard furibond vers son pied à l'eau trempé. Il pose la tasse à sa place, nettoie en fumant, oublie le pied aveugle de brûlure.
La deuxième flamme a quelque chose de mystique. L'allumette éteinte d'un geste sec du poignet, posée à même le bois de la table, elle n'inquiète pas. Sa nudité est maintenant toute affairée autour du porte-document, usé mais entretenu, pupitre des copies à corriger. Quel devoir était-ce, déjà, tant pis ; toujours pas de la littérature, et Mallarmé lui manquait. Il était à portée, toujours, dans le sac qui... cruelle tentation, cela faisait mal oh oui ! et mal partout, de savoir qu'il n'y avait plus goût, plus goût au Prince. Sur le souvenir du trône d'Egypte, du Saint Empire germanique ou du Royaume de France, plus en vie. Leben. Leb. Épuisant. Il fume pour ne plus penser à la mort. C'est obsédant.
L'affliction de son cœur ricoche sur la première erreur, grossière erreur, Raphael — pas même une erreur ; un prénom enfin, son prénom, et la rature est forcenée, navrée, impériale et rouge — les joues rouges comme l'erreur. Il lui faut un temps pour relire, hideux, et ses viscères semblent reculer dans son dos. Quoi, raturer la rature, s'excuser auprès du non-lui, confesser, se voir en tout ? Depuis combien d'années ne s'est-il pas vu ?
(C'est à Horace que l'on doit la phrase latine, que Leconte de Lisle traduit ainsi : « O mon enfant, je crains que tu ne sois point né viable et que quelqu'un de tes amis puissants ne te batte froid. »)
III.
Esche. Le grand-père venait de la campagne, alors Esche. L'enfant, chétif urbain défait, n'avait aucune similitude avec l'arbre qui avait détruit le toit de l'ancienne scierie ; peut-être avait-on trouvé une excuse à partir des racines ostensibles et enflées, étranges excroissances mousseuses par trop de raisons supérieures au fer, au cuivre et aux aigus métalliques que les soirs de grand vent faisaient tinter encore, devenus le mal ancien de la vallée. Peut-être était-ce l'irisé vendémiaire des feuilles une fois au sol, lentement décomposées, ou plutôt celui du cidre fermenté depuis l'exsudat et le miellat de l'Arbre du Monde — comment l'appelait-on, déjà, la rosée du ciel ? Peut-être étaient-ce les reflets colorés du verre humide posé sur le comptoir du bar, éclairé à demi par l'ampoule grelottante et le flou de l'heure tardive ; toujours est-il que le puceron d'Heinrich, le rêveur de Tancrède et l'impossible citadin de Dieter, par syncrétisme, avaient été baptisés, sous l'autorité du verbe tchèque et trébuchant du plus ancien, Esche. Un honneur. Plus appréciable que la gifle honteuse du réel, ni grecque ni perse. Rafael. Sa grimace n'est pas plus humaine que l'affront.
L'encre rouge coule le long de la plume qu'il n'a pas levée, le rouge des baies que Heinrich chiquait, ou faisait semblant, lorsqu'il manquait de tabac au comptoir ; le rouge des lèvres de Ruth, une fois les vacances terminées, « komm her » et il venait, les mains tordues dans les poches encore pleines de cailloux et de millepertuis fanés qu'elle vidait avant de monter dans la voiture, « das ist Schwachsinn, » un soupir de théâtre, seulement lorsqu'elle sentait à travers le ciré que le tronc d'Esche n'était pas aussi creux que sa tête. Raphael attendrait, la feuille écornée ; Mila attendrait, Keith attendrait, Caitlin attendrait, Rose et la vingtaine d'autres attendraient ; des images, pour une fois, des images de silence trempé, le grain très fin du papier repu du rouge des baies. La plume se lève. Ce n'était pas le rouge de ses lèvres.
Ruth peignait sa bouche avec une crème montée en neige. Elle la sortait de son sac à main, sortait un pinceau propre, quittait la table avec force civilité et étouffait le claquement de ses talons sous la porte des sanitaires du restaurant ; Manfred respirait le silence à nouveau. Le temps de quelques lents battements de cils, il étudiait l'enfant face à lui, les joues déformées par les mains et les coudes maîtres de la table, ennuyés à mourir. Ils creusaient ensemble des douves et des châteaux de purée ; puis Ruth revenait et sifflait ses sarcasmes au verre de vin qu'elle embrassait. C'était là-bas, le rouge exact, et il était bien rare hors de cette académie : le gueules, le cèdre, le feu et l'airain, un trois d'été colérique, viril et vaillant, reflet des vignes comme des mouroirs à esclaves, blason furieux mais noble, le chant des contremaîtres, une vouivre, parfois injuste mais honnête, honnête comme l'était dans les rides de son front l'amour que Dieu lui portait. C'était ce rouge qui baisait sa joue dans les bonnes heures, sans laisser de traces, les blancs mousseux des gâteaux qu'ils faisaient à deux — Ruth n'avait pas la force de battre en neige et Manfred la gardait des engelures.
Un frisson ; ses dents se serrent autour du bouchon de la plume. Il a monté le chauffage, de cela il est certain — le tabac, alors, c'est forcément le tabac. Il tend le bras vers le pied du fauteuil (les feuilles qu'il tenait dans sa main, où sont-elles ?) et ses pattes d'amblypyge trouvent le paquet de l'aube, miraculeux rescapé de la journée ; elles trouvent également sur la table à droite les feuilles, la pipe, le thé capiteux et les allumettes ; que voilà son cœur rassuré.
La Trabant 601 s'enfonçait dans la campagne grise, brune et sinople de Saxe ; la route s'était construite à son image, longue, longue, idéale pour la lecture si seulement le ciel n'avait pas été si sombre ; « wir werden Großvater sehen, » rassurait les habits de sable et de deuil, les larges mains adroites au volant mais les fossettes tristes dans le rétroviseur, triste de ne savoir lui faire décroiser les bras, l'air renfrogné et perdu dans la forêt. Ruth claquait la langue de désapprobation, le silence. Manfred savait allumer son cigare sans quitter la route des yeux. Esche ondule entre l'allumette, la cigarette, la plume, et toutes passent sans ordre par ses lèvres. Ce n'était même pas son grand-père, juste le vieux du village. Ruth rentrait à Berlin et leur laissait la voiture.
Peut-être s'agissait-il seulement d'une synecdoque, d'une partie pour le tout ; Esche, jeune, jeune lecteur de Rilke et de Perrault étourdi, dans l'arbre de la scierie. Une branche. Un bout d'écorce qui se jetait du plus haut point qu'il atteignait comme il se jetterait, mais plus tard, de la Trabant lorsqu'il faudrait se rendre chez le psychologue ; « Kiesel in seinen Taschen, » selon Ruth ; le problème venait surtout de l'ennui. Il revenait de vacances couvert des sales écorchures des vivants, du rouge de la neige, l'écharpe imbibée des parfums de tabac froid et de bois mort, la voix accentuée des expressions de Dieter quatre-doigts de bûcheron et de son jus de poire, alourdi de l'humilité de Manfred et de regrets de longue date du cœur coupé. Dieter quatre-doigts n'existait plus, ni Heinrich scieur de pierre ni Tancrède bronzier fond prodigue des paris ni grand-père chômage, ni Othello Keks, ni capitale, ni désir de Freie Deutsche Jugend, ni pays, ni mur, ni arbre de la scierie. L'Ouest se gave encore des charognes de la mémoire et la sienne fatigue. Il boit le thé rapidement, renonce à finir, jette ses cendres dans la tasse. On a tronçonné l'arbre et rasé la ruine de la scierie. Il n'a pas demandé ce par quoi ils seraient remplacés. Cet instant-là, il avait eu honte. Une honte ancestrale.
C'était un fantôme de frêne.
Le temps comme la cendre qui tombe sans s'égrainer. Ils chutent tous, la ligne, et l'Europe est défigurée. Sa salive se coince dans sa gorge, Esche s'étouffe. Ailleurs dans le temps, c'est avec ce nom-là que l'on taillait la hampe de la lance, avec ce nom-là que la lance perforait la gorge ; ils abattent des murs comme on tombe l'arbre, comme les parents ennemis ; ils voient le temps tomber et ils ne lisent plus ni Rilke ni Perrault ni personne, quel hasard était-ce, par quelle fortune se trouvait-il d'être maintenant sommé de ralentir ? C'était cette poésie qu'il parlait. Il vivait la langue des fers et l'intrigue d'un siècle, l'étrange histoire de tout d'où peut venir les tranches.
Ce frein est ourdi. Il aime la poésie, malgré tout il l'aime. Il y avait fui, après tout.
Après.
Parce qu'il a su comme il savait, il savait, étourdi. La respiration se calme un fois les yeux clos et le monde évanoui. Lui, peut-il trancher l'histoire ? Chute la nuit.
L'après-midi qui l'avait soustrait à la gloire d'être lui palpitant, membre fantôme, dans la cécité des poignets encore, une promesse faite à l'ongle et pourtant l'immense fissure dans les yeux crevés, le souffle coupé aussi sûrement que le séjour. Les mille mains massées, raisonnées, nouées, vaillantes, cognées, plus que jamais leurs — il faut le comprendre, mais un peu tard, comme on comprend le mazout sur les ailes engluées qui battent l'hirondelle et les paupières qui ne disent rien. Il faut comprendre. Le mur tousse sur lui.
Complément circonstanciel de tout. Chute la cendre.
On reprend les rythmes annonciateurs. L'araignée, le cuir, l’œil pers le doigt cave, profond, profond, fouille, angulairement, angulairement, angulairement le rôle, les projets sur mille ans alors qu'on en vivra soixante, le cylindre pers le métal cave tracte, tract contre mais il faut comprendre les silences du muet, le film respire, tourne, frotte, crache, râle, respire ; mieux, puis il reste assis.
Ils traversent, légers, la nuée d'une extrême minceur, sans égal dans la nature, ils passent. Purifiés des masses tombées, les bras, son corps. Le cairn près du ruisseau. Celui de la forêt, derrière la scierie, cette année gelé. Gelé et pur, le corps miroir, miroité du sable qui l'éteint. Le fleuve dans le fleuve qui passe. Le corps, oui, comme le cairn, alors chute le cairn.
Infini des yeux au fond du thé. Le pouls du vent est fertile ce soir. Le mégot coule.
La Trabant 601 perce les derniers nuages à l'Est derrière, que l'on perd au loin, au loin, l'effet de la caravelle, du dernier regard, de l'infini du fer à l'abandon, de l'industrie, de la rouille, l'odeur, la peine portés au tombeau ; la Trabant traverse l'histoire et traverse la gaze sans un sanglot. Le couinement du frein, parfois, ou sont-ce les gants de Manfred qui grincent. La lance qui saigne foule la patrie, c'est ce qu'elle dit, la patrie, mais quoi ! elle n'a rien protégé et il n'en reste rien — l'infini néant des adultes, tout au plus, ni racines ni branches, rien à construire on fauche le blé trop tôt ; il faut comprendre, il insiste et secoue les bras croisés et les genoux raides, les natifs écorchés encore brodés d'ecchymoses. Il faut comprendre les manches sable les doigts caves, l'eau, les yeux pères, pas les siens détournés ; jamais les siens, s'il faut mentir, alors jamais les siens. Il aura les sourcils froncés du rouge exact et il saura.
Plonge, comme son regard dans les décombres. Fendre l'air sans se briser, modeler le corps par le monde, le quitter pour un meilleur, un grand bruit étouffé ; le fond de l'eau. Le calme olympien d'un monde qui retient sa respiration, qui inspire un autre air. L'odieux sifflet qui rompt le silence complice — pas seul, jamais plus seul. Il nage à l'est, traîne sur l'échelle ; la prochaine, c'est certain, il oubliera d'allonger les bras et il se vautrera contre la surface, oiseau imbécile, et se rompra la nuque comme le sifflet rompt la paix.
Plonge, comme son frêle reflet dans la piscine pendant l'entraînement. La réception n'est jamais mauvaise, il est encore trop bon élève ; Ruth souffle et feint l'inquiétude pour cacher le mépris. « Das ist Schwachsinn, » « Kiesel in seinen Taschen, », quel enfant, eh ! quel enfant sinon le sien pour ouvrir la portière à cette vitesse ? Un problème, voilà, un problème, Manfred s'en contente ; il était un trop bon élève avant d'être un trop bon castrat. Esche, ses éraflures et son plâtre, froncent les sourcils. On lui prescrit du calme pour empêcher le cœur de lâcher.
Enfin ! tombe, tombe sur le dos, sur le grain cuir bleu azur ignoble, cette mousse flasque mais dure, quand on veut mourir on trouve toujours de quoi ; les cervicales éparpillées, mille fragments d'étoiles explosées enfin, et leurs paires d'yeux navrées et molles, résignées comme ils se résignent à vivre dans la honte, « alles ok », qu'ils disent, « alles ok » de leurs yeux vitreux, de leurs biceps lâches et de leur langue pauvre ; dans la foi ingrate de leur peuple laid, de leur laideur, oui, il les hait, et ses bras croisés, ses bras maigres croisés sur sa poitrine protestent, et son dos aussi et ses sourcils aussi. Il aurait aimé pleurer. Il aurait aimé.
Du calme pour le cœur, ou bien ce qu'il en restait après le plongeoir, le tapis de sol, la barre fixe, le tremplin ; le calme de la magnésie, l'eau sur les barres, le couinement des maniques autour du fer et l'espoir que cinquante ans d'usine soient passés avant lui forger les agrès, que le rouge ne soit pas de rouille, que le cœur sache la nostalgie d'un temps qu'il n'a pas vécu. La vaillance du souffle battue par les craquelures de l'os et les nœuds du cartilage. La vaillance savante contre les menteurs, destin du noyé.
Au-delà de la tasse la pipe éteinte et froide qu'il prend dans sa paume fatiguée. Flambe le parfum sec, plus de cœur pour le passé simple, quelle saveur pour les copies d'élèves nommés ? — plus de cœur pour eux. Peut-être est-il temps de renoncer. Il sait son rôle bientôt désuet, il ne se laisse prendre de court par aucune autre puissance que lui, trop bon élève encore, le meilleur de tous jusqu'à ce qu'il quitte l'Allemagne et même au-delà, la France, l'Autriche, il est toujours très bon partout ; et si plus rien ne l'attend ici, l'Ecosse, pourquoi faire en premier lieu ? si plus rien ne l'attend, c'est le cas, il sait se retirer, dans les loges quitter l'habit, c'est déjà fait ; n'est-il pas sage de surcroît ? Une image.
Il rature au rythme de profondes inspirations leur passé simple imparfait. Le moment de janvier où le froid endort les quais et qu'il ne reste aux oiseaux que le pénible duvet d'hiver, piètre invitation au voyage, fait mettre en chemin l'acteur défait vers la sortie de scène et la reverdie ; pour l'instant il rature.
Mais non — il n'y a rien, c'est pourtant l'évidence : autant de ratures pour quelles raisons ? S'ils savaient, ignares imbéciles, leurs cœurs vivraient cachés et il n'aurait plus à sentir les palpitations du sang dans les veines de leurs poignets tendus sans ambition vers la feuille qu'il rendait, il n'y aurait plus rien à espérer car il n'y a plus de reverdie, ni pour eux ni pour lui ; comment leur apprendre autrement qu'à coups de poing la cruauté de la chute de nations, la perte de la langue natale ? Il raye le manque absurde comme on tronçonne le frêne de la scierie ; et s'il partait, admettons, quelle différence ? Quelle France, quelle Allemagne voit naître le printemps ? Il peut partir, il le peut encore, et peu importe le port tant qu'il y parvient, admettons, et quels renouveaux pour l'aventurier sinon les mêmes ignorants, les mêmes ratures sur les mêmes passés simples, troisième personne du singulier en a accent circonflexe t ? Eh quoi ! cela ne semble-t-il pas vain ? Reste-t-il le moindre sens au voyage d'Ulysse si celui-ci n'est qu'un homme déraciné ? Et leurs erreurs, leurs infinies et insatiables erreurs, immanquable purin que l'alchimiste ne sait transformer en or ; « il cousut », bien sûr, lui cousidrait volontiers la conjugaison des irréguliers à même la chair des incapables, tapisseries médiévales, et puis dépècerait-il les vivants pour coudire les peaux entre elles, le fabuleux projet ; mais qu'est-ce que ce héros ? Ulysse, Ptolémée ou Docteur, il est nu dans un fauteuil à insulter Raphael dans l'encart réservé à l'appréciation ; il est une hirondelle morte écrasée sous un mur.
Au moins ne ment-il pas. La trop grande bouffée de fumée qu'il tire entraîne la toux et, à tâtons, il fouille son ventre jusqu'à trouver l'air. L'encre coule de la plume jusqu'au doigt, vient teinter la tige chaude que les lèvres épousent désespérément. Au moins ne ment-il pas.
Il se souvient du dégoût d'être conscrit dans un pays qui n'est pas le sien. Il servira, oui, il servira, il est toujours sage... Il servira comme orphelin mais il servira. Il étouffait tous les jours, à l'époque. Les mensonges en travers de la gorge, semble-t-il. Pourquoi pense-t-il à cela... ? Sa naïveté ne cesse de confier sa tête à l'ennemi.
Inspire, la nuque lâche. La cloison siffle contre le dossier. Que cela provienne de dehors ou dedans, quelle importance ; il brasse de l'air sans reprendre de couleurs. Pourquoi est-il là, au final ? Ici ou ailleurs, autrement, peut-être, même s'il n'est indispensable en rien, on envisage... malgré la nature excessive, les hésitations, les contraintes, l'impatience, l'agacement perpétuel, les mœurs, l'erreur... il faudra la reconnaître, oui, l'erreur, mais laquelle ? Laquelle en premier. Bien sûr. Peut-être s'agit-il de son idiote décision de poursuites d'études ? Il voulait y rester, il n'a jamais su s'occuper seul ; il lisait, alors, il lisait sans cesse, cela semblait tout trouvé, la belle génétique... ah ! voilà donc à quoi ressemble le stade terminal de l'inadapté... Ou bien est-ce le manque cruel d'empathie, la pierre brute dans la gorge grelottante à l'idée du pardon, elle qui n'a jamais su voir la foi très chrétienne dans les noms de code. Depuis quand a-t-il quitté Berlin, déjà... ? Il attend, l’œil ouvert sur la lucarne sombre, le temps a bien tourné ; lui tourne la tête, l'oreille posée dans le trouble du tabac encore chaud et du gaz, modeste soupir en-dehors... le quoi ?
Soudain s'ébattent les plumes, volent feuilles noircies et brûlées le désordre ; la lumière, pas de lumière, le goût de rouille dans la bouche, il se mord la lèvre au sang, mais plus tard, cela, plus tard ; le mur, le mur de plein fouet comme le meuble de l'entrée, la main râpée contre le crépi, une location bien sûr, jamais de crépi, jamais de mur non plus ; et les mains tièdes fondent sur le réchaud, la cloison déviée inspire, tous les efforts du ciel et de la terre, inspire, inspire, inspire, rien. Rien. La cloison siffle, cela vient bien de lui. Ses yeux en rougirent de honte.
Bien sûr les boutons, bien sûr ; et il les fait cliqueter de rage pour ne pas cogner les couteaux. Bien sûr, et il s'en retourne ; un pas un seul il boite et cabotine, ça ne marche pas. Ca ne marche pas.
Il faut plusieurs minutes pour que l’aiguë et la pointe s'estompent, ne laissent derrière elles que la trace abyssale, lancinante et sagace de ce qui est intimement odieux. Les mains retrouvent le sol, les mains qui touchent, accablées, ultime recours puisqu'il n'y a pas de magie dans les baisers ; mensonges que tout cela. Les mains qui touchent n'y peuvent rien. Les mains froisseraient le sol s'il n'était pas si dur avec lui-même. La pomme est une pierre et elle l'égorge. Quelques palpitations de cils plus tard, il semble retrouver la vue. Un instant et il est habillé. Quoi de mieux que la nuit noire pour constater le temps qu'il ne vit plus ?
Les mains exténuées sur les clefs malcommodes. Il n'encombre rien de son épineuse situation. Grotesque, le manteau usé sur ses épaules déséquilibrées ; harassante épopée vers le cuir et sa dignité.
Il sort de l'appartement sans fermer la porte.
Hors rp
Pseudo : Id. ou Ideike.
Est-ce ton premier compte sur Elemental Skin ? Tout à fait ~
Comment as-tu découvert le forum ? À l'époque, par top-site. Je crois.
Autre : ... Bon ça ne devait vraiment pas être si long à l'origine. Je suis navré.
Ah et pardonnez l'allemand, il est un peu rouillé haha.
Est-ce ton premier compte sur Elemental Skin ? Tout à fait ~
Comment as-tu découvert le forum ? À l'époque, par top-site. Je crois.
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