Il neigeait. La ville de Berlin était couverte d’un frileux manteau blanc en ce 5 janvier de l’année 1997. Le jour se levait à peine et une mère était déjà en plein travail pour accoucher de jumeaux. Joo Hee Grimm était la mère, illustratrice dans une maison d’édition et coréenne vivant en Allemagne, elle est mariée à Klaus Grimm un professeur de physique-chimie en collège lycée.
Lisel est l’aînée, c’est une enfant déjà vigoureuse et elle a une vingtaine de minutes de plus que son frère. Ansel. Il est si chétif que l’on s’inquiète, déjà… pourtant on essaye de se rassurer en ce disant que ça va aller, sans ce douter encore.
Lisel a tout pour elle, ou disons plutôt qu’elle a la santé, chose que n’a pas Ansel. Il a rapidement était diagnostiqué hémophile et par la suite les médecins ont constaté que ses défenses immunitaires étaient à plats… l’asthme n’est arrivé que vers l’âge de quatre ans. Ansel est un réel aimant à maladies et il est souvent alité, obligé de rester à la maison, notamment en intérieur. Cela n’a jamais été facile à gérer et pourtant, Joo Hee prend et exécute cette mission mieux que personne. Sa mère a toujours été présente, lui apportant son attention sans pour autant le couver. Klaus a eu beaucoup plus de mal… il était plus maladroit et les problèmes de santé de son fils l’ont toujours quelque peu effrayé, même alors que son fils grandissait, si bien qu’il a pu constater à quel point, il avait des difficultés pour s’immiscer dans la vie d’Ansel. Lisel était un peu dans la même situation. Bien qu’ils étaient jumeaux, le lien indéfinissable qui aurait dû les lier semblait étrangement absent. Sans le savoir, ils se sont mutuellement jalousés pendant de nombreuses années.
Tout a basculé un jour de semaine, alors que les enfants avaient sept ans. Joo Hee se rendait au travail et elle a perdue la vie dans un accident de voiture. Sa perte fut ravageuse. Elle était le lien qui unissait Klaus et Lisel à Ansel… ainsi ils se détruisirent lentement.
Il a toujours été en carence, d’un tas de choses, mais ce que tout le monde ignorait, c’était qu’Ansel n’avait pas qu’un simple manque de calcium ou de fer. Non, il était en carence d’élément, et ce, depuis presque sa naissance. D’un, puis de deux et enfin de trois.
C’est dans les mois qui ont suivi le décès prématuré de Joo Hee, qu’il a découvert son étrange capacité à transformer les choses qu’il touchait en poussière. Tout s’effritait entre ses doigts. Ansel n’a pas pu le cacher bien longtemps à ce qu’il restait de sa famille… Il ne sait pas réellement ce qu’il a vu dans les yeux de sa jumelle, mais dans les prunelles de son père, il a lu la peur. Un effroi qui l’a rendu paranoïaque et excédé. C’est Klaus qui a obligé Ansel à porter des gants pour limiter les dégâts. Il dévisageait son fils comme s’il était l’œuvre du démon en personne, pourtant, il s’en voulait et se rejetait la faute dessus… Klaus avait conscience que si sa femme était toujours là, elle n’aurait jamais traité son fils de cette façon. Elle aurait continué à le prendre dans ses bras sans craindre de se changer en sable, alors que lui n’arrivait même plus à le regarder dans les yeux. Klaus avait conscience de ses torts, de ses erreurs, il voyait tous ses manquements depuis le début, mais il était incapable d’y remédier et Ansel en souffrait. Il était le monstre qu’on mettait en cage en lui disant que c’était pour son bien, alors que c’était uniquement pour celui des autres. Ansel le pestiférait que ne pouvait plus sortir, l’enfant dont on ne veut pas parler, celui qui nous effraie et dont au fond, tout en s’en voulant terriblement, on espère que la maladie emportera. On compte les jours, inlassablement.
Ansel a un peu plus de huit ans, quand ce dimanche matin comme un autre, on sonne à la porte. Lisel va l’ouvrir sous le regard attentif de son père et de son frère. Un homme en costume se détache dans l’embrasure. Il a les cheveux blancs et un sourire énigmatique s’étire sur ses lèvres. Tout le monde est un peu intrigué au début, mais en seulement quelques mots échangés, il détend l’atmosphère, un peu comme par magie… après un café et des banalités échangés entre les quatre personnes, l’homme apprend à la petite famille qu’il est à la recherche d’enfants spéciaux. Les Grimm comprennent bien. Lisel et Klaus échangent un regard. Ansel se lève du canapé et retire un de ses gants avant de s’approcher et de toucher la veste de son père déposée sur le dossier d’une des chaises. Elle se change en un tas de terre sèche. L’homme ouvre de grands yeux et confirme que le jeune Allemand est exactement ce qu’il recherche. Ansel lance un regard à son père et ce dernier invite l’homme à aller discuter dehors. Le temps défile et au fond Lisel craint le pire, mais comme toujours elle ne dit rien. Les deux hommes reviennent et l’inconnu pose une main sur la tête d’Ansel.

Archibald Greenlaw. C’était le nom de cet étrange mécène. Visiblement un Écossais, bien qu’il ne soit en rien porteur d’un accent trahissant ses origines. Il était de bonne famille et était propriétaire d’un manoir où il recueillissait des enfants aux capacités le plus souvent spéciales. Archibald Greenlaw était un espèce de Professeur X à la X-Men, en peut-être plus étrange. Il y a avait quelque chose dans le fond de ses yeux qui laissait entrevoir son âme… vieille comme le monde, ou presque.
Comme promis à Ansel, il revient le chercher dans les semaines qui suivirent. Et comme convenu avec Klaus, il l’adopta, devenant son responsable légal. Le garçon n’en était pas plus que cela perturbé, il quittait un foyer où il n’était plus chez lui depuis un certain temps… cependant, jamais il n’oublia le dernier regard fuyant de son père et surtout, les prunelles de Lisel qui le fixait, sans qu’il ne puisse déchiffrer ce qu’elle lui disait en silence.
Archibald Greenlaw était un Perfect Skin ayant traversé plusieurs siècles et ce nom est le dernier qu’il a porté. Il n’était pas très bavard sur son passé, du moins il parlait beaucoup de sa dernière femme, Blanche Greenlaw. Les Greenlaw sont une famille Écossaise appartenant au Sept du clan Home. Le nom venait de Blanche et Archibald racontait souvent l’amour qu’il lui a porté et comment elle s’est changée en tas de terre à la fin de sa vie… puis qu’il s’est servi de cette terre pour planter le pommier au centre du jardin. Archibald dit qu’ainsi Blanche vit toujours d’une certaine façon, qu’elle a acquit une forme d’immortalité. C’est un indéfectible romantique que le temps a légèrement rendu un peu fou sur les bords. Par exemple, c’est notamment parce que Blanche portait le nom d’une couleur en prénom, qu’Archibald donna un nom de couleur à chacun des enfants qu’il adopta. N’ayant pas pu avoir d’enfants avec sa chère et tendre, il décida d’en « sauver » en les prenant sous son aile. Il partit à travers le monde pour trouver des enfants en carences… des appelés, des oubliés, parfois même des sins, à qui il enseigna la Quintessence.
Au total, ils furent sept.
Carmin ne fut ni le premier, ni le dernier. Il n’était pas non plus le plus jeune, ni l’aîné de ses nouveaux frères et sœurs. Cependant, il fut certainement un des enfants les plus compliqué de la bande… acerbe avec la plupart de sa fratrie, trop solitaire et réfutant presque systématiquement l’autorité. Dans son trop grand calme, qui avait pourtant des allures de mer agitée, il était de l’un des plus insupportable, alors qu’il remerciait silencieusement chaque jour son « père » de l’avoir amené ici. Le plus souvent, il était en désaccord avec ses frères et sœurs, cela ne se finissait pas toujours bien et il en garde encore la marque au niveau de son œil gauche. Malgré tout, il a de nombreux souvenirs où ils savaient s’entendre… ce qui ne lui arrachait pas systématiquement un sourire pour autant.
Jade était celle de qui il a toujours été le plus proche. Elle était un peu plus jeune que lui et elle était aussi la première qu’Archibald a adopté. Il était assez compliqué de ne pas apprécier Jade, elle avait une douceur qui transperçait tout, même la carapace de Carmin, que lui-même ne sait toujours pas abattre. C’était une appelée et a dix-sept ans, elle a décrété qu’il était temps qu’elle fasse le grand saut. Carmin a toujours eu un doute, mais il lui faisait confiance… au fond d’elle, elle savait forcément. Jade a plongé et elle s'est noyée. Aujourd’hui, une statue à son effigie et contenant ses cendres, trône sous les branches du pommier de Blanche.

Les années filèrent. La perte de Jade laissa un vide, notamment à l’intérieur de Carmin, mais la famille resta malgré tout unie, ce qui le rassura plus qu’il ne le montra. Quand il eu vingt ans, il réussit à passer de Sin à Skin, ce pourquoi il travaillait si dur depuis des années. Ainsi ses défenses immunitaires remontèrent et son asthme dispuru presque totalement. Archibald en fut particulièrement fier. Presque six moi plus tard, ce dernier s’éteignit. Carmin le constat en rentrant un soir au manoir… cela faisait déjà quelque temps que beaucoup d’entre eux étaient partie vivre ailleurs, mais l’Allemand a toujours plus été attaché que ce qu’il le laissait transparaître. Il ne trouva pas son père dans le manoir et se décida à sortir. Sous le pommier de Blanche, de l’autre côté par rapport à la statue de Jade, se trouvait une pierre assez imposante qui n’était pas là avant. Carmin comprit. Il versa une larme avant d’appeler ses frères et sœurs. Ils firent une petite célébration sous la pluie et déposèrent une plaque aux pieds de la pierre. Chacun finit par retourner à ses occupations respectives… Carmin demeura au manoir et lentement, il reprit en quelque sorte l’ancien job de son père : guider les Appelés, Oubliés, Sins et Skins en leur enseignant la Quintessence. C’est quelque chose qui a un peu surpris sa fratrie, car il n’a jamais vraiment montré de signe de reconnaissance envers leur papa et c’est actuellement un sujet sur lequel ils aiment bien le tacler. Bien sûr, il se considère trop jeune pour adopter et venir en aide comme Archibald le faisait, mais peut-être un jour… surtout que Carmin vise ce même équilibre parfait qu'avait son paternel.


Pseudo : Chausson ou Mo', comme vous voulez (Carmin ça passe aussi).
Est-ce ton premier compte sur Elemental Skin ? Oui et non ? Je suis déjà venue sur le forum à ses débuts avec une Elemental Skin de Terre (tiens tiens) du nom d'Amara.
Comment as-tu découvert le forum ? J'crois qu'à l'époque c'était via un Top Site.
Autre : Je suis trop contente que le forum ait ré-ouvert, surtout maintenant que j'ai du temps à lui accorder, j'espère m'éclater avec vous ! Plein de bisous sur vous